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Comité d’aide à la réinsertion des détenus

Mise en ligne : 26 mars 2002

Dernière modification : 8 mai 2006

Texte de l'article :

EXPOSE DES MOTIFS

Il semblerait que le but, des concepteurs du Projet d’Exécution des Peines soit de donner la possibilité, aux personnes détenues, de s’impliquer personnellement dans l’aménagement de leurs peines et dans l’évolution de leurs situations carcérales et pénales.
La mise en application du P.E.P, pendant deux ans, dans une dizaine d’établissements pilotes, a permis d’établir, qu’en l’état, celui-ci n’était pas viable car il ne correspondait qu’imparfaitement aux exigences qu’impose la mise en place d’un projet de réinsertion d’une telle envergure.

Etat des lieux

Que pouvons-nous constater ?

- Que l’enfermement génère un certain nombre de maux qui, ajoutés à ceux qui ramène de l’extérieur une majorité de la population pénale, font que quelle que soit l’expérience de réinsertion que l’on pourrait vouloir mettre en œuvre, elle n’aurait aucune chance d’aboutir à un résultat probant si on ne les prenait pas en considération. Rupture avec les structures familiales et sociales, logique systématique de l’échec, perte de tout projet présenté par l’autorité, constat que l’on exige d’eux, de prendre conscience qu’ils ont des devoirs mais aucun droit, etc....
- Une prise de conscience collective se fait jour au sein de la population pénale concernant la réalité carcérale et pénale actuelle. Tous se rendent compte que les peines s’allongent et que les dispositions prévues par la loi ne sont pas mises en application (disparition des mesures de libération conditionnelle, de semi-liberté et autres...)
- Une grande majorité d’entre eux à également conscience qu’un aménagement de leurs peines ne peut se faire qu’à la condition que leur temps de détention ait été mis à profit pour permettre leur évolution personnelle, notamment au travers de sérieux projets de réinsertion. Le problème est qu’ils ont la sensation qu’absolument rien n’a été entrepris à ce jour pour que de tels projets puissent être mis en œuvre dans cette optique ; tant pour ce qui concerne leurs mises en place à l’intérieur que pour ce qui concerne leur suivi à l’extérieur.
- Par ailleurs, chaque détenu constate au quotidien les ravages issus d’années d’enfermement, au travers de l’image que leur renvoient certains détenus " longues peines " qui sont réduits à l’état de " légume ".

Qu’en déduire ?

Ces différents constats, et d’autres plus personnels, font qu’une évolution, tant des mentalités que d’une prise de conscience en profondeur, se fait jour à présent. Celle-ci a permis aux détenus d’appréhender la réalité carcérale avec une plus grande acuité ; ce qui, à terme, pourrait se révéler extrêmement pour la population pénale que pour la préjudiciable, tant pour la population pénale que pour la société qui les accueillera en son sein tôt ou tard, si aucun moyen n’était engagé, sur le fond, pour la faire évoluer.
La population pénale actuelle ne correspond en rien à celle que l’administration pénitentiaire avait en charge, il y a quelque quinze ou vingt ans de cela.
Aujourd’hui, elle peut se rendre compte, au jour le jour, de l’état actuel de cette société dans laquelle chacun devra trouver sa place lorsque sera venu le temps pour eux de redevenir, à nouveau, des citoyens libres. Ils n’ignorent rien de cette tragique réalité sociale à laquelle ils seront confrontés, tôt ou tard.
Chacun sait que les formations proposées depuis des années, au sein des établissements pénitentiaires, ne pourront jamais leur apporter, ou à de très rare exception près, cette possibilité de s’intégrer et de trouver ainsi leur place dans la société. Ils savent avoir ce handicap que constitue un passé pénal. Même s’ils s’en défendent pour la plupart, ils sont effrayés par le fait qu’ils se retrouveront un jour aux portes de la prison, avec très peu de structures sérieuses pour les accueillir et sans n’avoir rien acquis tout au long de leur détention qui aurait pu leur permettre de s’intégrer. Pour eux, les prisons ne sont rien d’autre, en l’état, que des usines à récidives.

PRESENTATION DU C.A.R.D.

Le Comité d’Aide à la Réinsertion des Détenus est constitué de membres actifs et de membres bénéficiaires, tous liés de près ou de loin, au monde carcéral.
Sa Présidente habite dans la banlieue parisienne, la secrétaire dans le ler arrondissement de Paris, le trésorier et le responsable du travail, de la formation et du logement résident sur la région de Nancy. Quant à son directeur et initiateur, il est incarcéré à la prison centrale de Saint-Maur (Indre).

Les membres actifs, quant à eux, sont divisés en deux branches :
- Les membres actifs en " milieu fermé " ; ils sont détenus et purgent leurs peines tout en apportant leur concours à notre action.
- Les membres actifs " libres ", qui s’investissent tout auprès du siège à Paris, qu’auprès de l’antenne locale de Nancy.
Ces membres sont disséminés dans plusieurs villes de France.

Particularités dont il nous a fallu tenir compte et qui ont démarqué, en partie, les limites de notre action et amenées les bases de notre mode de fonctionnement.

BUT DU COMITE D’AIDE A LA REINSERTION DES DETENUS

Un constat, né de 2 années de recherches sur les droits et devoirs des personnes détenues, ainsi que sur les moyens actuellement mis en application pour leur réinsertion, a amené la création du C.A.R.D..
Il est évident pour tous que l’enfermement génère un certain nombre de maux et en aggrave d’autres qui, si on continue à refuser d’y prendre garde, conduirait les personnes libérées vers une récidive inéluctable.

Le propos du Comité est de faire en sorte de " soigner " ces maux à la base ; soit au cour d’une période raisonnablement éloignée de la date de libération de la personne détenue ;
- En lui apportant l’aide nécessaire à la mise en place d’un projet de sortie ;
- En lui fournissant l’apport juridique utile à l’élaboration des dossiers de conditionnelle, semi-liberté, transfert pour rapprochement familial ou pour des études, etc. ;
- En lui apportant toutes les indications utiles au passage du monde carcéral au monde extérieur ; mise à jour des documents administratifs, obtention du R.M.I., contact avec les organismes de formation et de travail, démarches auprès des organismes de logement etc. ;
- En favorisant enfin toutes les initiatives allant dans le sens d’une amélioration des conditions de détention et de réinsertion.

Le but final est d’obtenir que les personnes libérées de prison ne se retrouvent pas confrontées dès les premiers temps de leur libération, à une situation de précarité qui ne saurait que les pousser vers une récidive inéluctable.
A cet effet, le Comité apportera son aide en priorité à ceux et celles qui accepteront de s’investir personnellement, peu ou prou, dans la mise en place des moyens propres à obtenir une réinsertion possible car voulue.
On peut en effet estimer qu’au même titre qu’une thérapie, la réinsertion " réussie "ne peut être possible que si elle est réellement voulue par l’intéressé et à la seule condition qu’il y participe activement.
Il serait sans doute légitime de se demander pourquoi le C.A.R.D. serait mieux à même d’obtenir de meilleurs résultats que les associations actuelles qui oeuvrent dans le même sens ?
D’une part parce que le C.A.R.D. est né à l’initiative d’une personne condamnée à perpétuité, et étant toujours prisonnière à l’heure de sa création. Que celle-ci est sans doute à même de mieux connaître que n’importe laquelle des meilleures volontés extérieures au monde carcéral, la teneur exacte de chacune des composantes du problème carcéral et de celui de la réinsertion des personnes détenues.
D’autre part parce que ces 2 années de recherche de " l’intérieur " lui ont permis d’évaluer l’ampleur de ce problème et de ce qui avait été jusqu’à présent pour le résoudre, ou plutôt, pour tenter de le résoudre.
Fort de ce constat, cette même personne a pu élaborer un programme, dont la création du C.A.R.D. est l’un des éléments, qui permettre de mettre en œuvre certains moyens qui pourraient, sinon le résoudre complètement, lui apporter au moins quelques solutions.