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Personnels soignants en milieu pénitentiaire

CNI "Le plan anti-suicide en prison ou Les pyjamas du Désespoir" (Coordination Nationale Infirmière)

Mise en ligne : 2 septembre 2009

Dernière modification : 15 août 2010

Texte de l'article :

Le plan anti-suicide en prison ou Les pyjamas du Désespoir 

CNI, 25-08-2009 

En réaction au de plan de prévention du suicide dans les prisons présenté par Madame le Ministre de la Justice, la CNI Coordination Nationale Infirmière s’étonne du manque de pertinence de ces propositions.

Malgré les multiples rapports fournis par l’Assemblée Nationale et le Sénat, les condamnations de l’Europe, et les témoignages émouvants des personnels ou de détenus VIP, le Ministre de la Justice veut ignorer les conditions d’incarcération qui cultivent le désespoir parmi les personnes détenues à savoir : 

- la surpopulation carcérale.

- la rupture des liens familiaux.

- l’insuffisance des activités proposées aux personnes détenues (formation, professionnelles, loisirs...).

- le manque d’information auquel sont confrontées les personnes détenues (information sur l’état de l’instruction, contact avec les juges, les avocats,...).

- l’insuffisance des effectifs infirmiers dans les UCSA limitant les temps d’écoute et ne permettant pas à tous d’exprimer leur souffrance.

- une organisation pénitentiaire réglementant le temps d’interventions auprès des détenus faisant une tentative de suicide.

- l’incarcération de plus en plus fréquente de personnes atteintes de troubles psychiatriques majeures. ...

Concernant les nouvelles mesures annoncées par la Ministre, certaines sont déjà en place depuis longtemps :

- le repérage des détenus vulnérables et la surveillance 24H/24 par les co-détenus des personnes à risques suicidaires. Les acteurs pénitentiaires en connaissent déjà les limites et tentent malgré tout, chaque jour de prévenir avec des moyens plus qu’insuffisants.

Le premier objectif d’un plan de prévention du suicide doit être de donner à la personne détenue de l’espoir sur son avenir en apportant régulièrement des informations sur sa situation pénale...

Le second objectif devrait favoriser le maintien des liens familiaux (autoriser l’usage du téléphone en Maison d’Arrêt par exemple...).

Le troisième objectif devrait se centrer sur les activités proposées aux personnes détenues, quelles soient liées au travail, à la formation, ou aux loisirs.

Le dépistage des idées suicidaires devrait compléter ce plan en facilitant l’expression de la souffrance psychologique auprès des soignants : Cela passe par plus d’effectifs avec l’ouverture d’antennes médicales spécifiques (CMP ou SMPR) dans tous les établissements. Des bilans réguliers devraient évaluer l’état psychiatrique et psychologique des détenus, permettant la prise en charge de ces personnes par des Centres de soins spécialisés. 

D’évidence le recours trop systématique à l’incarcération notamment en préventif est un des principaux facteurs de risques. Il faudrait laisser plus de place aux aménagements de peines.

Les mesures annoncées sont dérisoires au regard des enjeux et du retard considérable que la France a pris en matière de politique pénale.

Au regard des problématiques connues de tous et de la réponse ministérielle, il est clair que le Ministre de la Justice n’affiche pas une grande détermination politique pour inverser la tendance et n’a pas le goût de l’innovation. Ce qui est regrettable.

Tant que les conditions d’incarcération seront humiliantes pour une grande partie des personnes détenues, elles généreront du désespoir et des idées suicidaires.

Contact presse : présidence

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Source : CNI