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« Oz », une série américaine hors du commun

Ce monde-prison où nous vivons

La télévision n’est pas une sorte d’entonnoir fourre-tout dans lequel on déverse seulement de la sous-culture pour gaver des populations ignorantes. Comme le cinéma, la photographie, la bande dessinée, l’affiche ou la radio, c’est un média de masse qui sert aussi, parfois, à l’expression d’artistes, de créateurs, de génies singuliers. Diffusée sur la chaîne Série Club, la série américaine « Oz », au réalisme stupéfiant, en administre une nouvelle fois la preuve.

Une prison, quelque part en Amérique. Chargé de réfléchir à la réinsertion des condamnés, Tim McManus, psychosociologue attaché au milieu carcéral, crée l’inverse d’un quartier de haute sécurité (QHS) : un quartier ouvert, où les prisonniers évoluent librement hors de leurs cellules. Ce semblant de liberté est en principe destiné à leur réapprendre à vivre ensemble. Le nom de la prison est, officiellement, le pénitencier d’Etat Oswald. Par dérision, ses détenus la surnomment Oz, en référence au film Le Magicien d’Oz, où Judy Garland partait à la recherche d’un magicien au pays imaginaire du même nom. Quant au quartier ouvert, on le désigne sous le sobriquet de « Em(erald) City », la cité d’émeraude, car ses cellules sont vitrées et non barrées par des grilles.

Le projet de McManus semble respectable, mais, très vite, on comprend qu’il n’est qu’un voeu pieux. Quand on enferme des fauves ensemble, ils ne se comportent pas comme des moutons, mais s’entre-dévorent... Et entraînent symboliquement dans leur chute et leur déchéance tous ceux qui sont censés veiller sur eux : directeur et gardiens, soignants et religieux...

Les « locataires » de la prison d’Oswald sont tous extrêmement marquants. Côté administration, autour de Leo Glynn, le directeur noir dévoué mais indécis, quelques figures illustrent toutes les contradictions du système pénitentiaire : Tim McManus, dont les intentions sont moins pures qu’il n’y paraît ; la sœur Peter Marie, psychologue entrée dans les ordres et dans le système pénitentiaire après l’assassinat de son mari ; le père Mukada, jeune prêtre constamment mis en échec par la violence de ce que vivent les prisonniers ; la doctoresse Gloria Nathan, femme médecin attachée à la prison, ou encore Diane Whittlesey, mère célibataire obligée de travailler comme gardienne pour élever ses enfants.

Côté détenus, les hommes se regroupent par ethnie ou idéologie : gangstas afro-américains, bikers couverts de tatouages, wise guys italo-américains, « aryens » racistes prônant la suprématie (...)

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Martin Winckler

Médecin, écrivain et critique. Derniers ouvrages parus : Les Miroirs obscurs. Grandes séries américaines d’aujourd’hui (Au diable vauvert, Vauvert, 2005) et Camisoles (Fleuve noir, Paris, 2006).
Repris dans « Écrans et imaginaires »,
Manière de voir n˚154, août - septembre 2017.

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