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Pendant que vous fêtez Noël et le Nouvel An, nous mourrons dans l’indifférence

Mise en ligne : 30 décembre 2009

Dernière modification : 4 janvier 2010

Texte de l'article :
Pendant que vous fêtez Noël et le Nouvel An, nous mourrons dans l’indifférence.
Le 9 mai 1981, la peine de mort est légalement suspendue en France. Or, à ce jour, notre observatoire des suicides et morts suspectes recense 125 décès depuis le 1er janvier 2009, dont 5 le jour de Noël. Il est bien évident que ce nombre est nettement inférieur à la réalité.
Toutes ces personnes sont mortes de maladies, par suicides ou de morts suspectes… mais que signifie le mot « suicide » lorsque tout un système érige le rejet et le mépris au rang de peine ?
Notre société s’en accommode puisqu’elle ne s’en indigne.
Respect de l’être humain bafoué :
Comment s’étonner de ce nombre anormalement élevé de décès (10 fois plus de suicides en prison) lorsque tout espoir d’insertion sociale est annihilé au nom d’une supposée morale aveugle prétendant déterminer le Bon du Méchant, l’ivraie du bon grain ?
Dignité humaine piétinée  :
Sclérose de notre système carcéral d’un autre temps qui nous prive de tous nos droits sauf celui de se tuer. Notre justice si prompte à juger l’acte et tellement efficace à briser l’être humain au nom de la répression, s’avère incapable de nous intégrer, nous insérer.
Il n’est qu’à lire le dernier communiqué de la CGT pénitentiaire du 22 décembre 2009 qui dénonce l’incapacité d’action des travailleurs sociaux.
Humanité anéantie :
Progressivement, les juges eux-mêmes en conviennent : l’Etat est responsable, notre Etat est coupable de ces vies anéanties au nom d’une oppression disproportionnée. L’indifférence demeure, l’espoir est enseveli. Des familles souffrent, sont détruites, le mépris persiste.
Réintégration illusoire, précarité décuplée, sur incarcération chronique et souffrance exacerbée sont le lot des dizaines de milliers de femmes et d’hommes incarcérés dans les prisons de la République.
Pour toutes celles et ceux mort(e)s derrières les barreaux, pour toutes celles et ceux qui luttent chaque instant pour survivre dans ces lieux de misère, de haine et d’oppression, Ban Public exige :
- De sanctuariser les liens familiaux respectant l’intégrité de chacun(e) :
- en généralisant les unités de vie familiale pour toutes et tous sans exception ;
- par un accès aux moyens modernes de communication : Internet, téléphone, visiophonie des familles et proches ; mais aussi par la multiplication des interventions d’institutions et organismes extérieurs au sein de la prison.
- De remettre la réintégration sociale au cœur de la politique carcérale  :
- en permettant à toutes les personnes incarcérées des possibilités de scolarisation, formation professionnelle, accès à l’emploi ;
- en appliquant strictement la loi de 1994 qui promet aux personnes incarcérées des soins physiques et psychiques ;
- en instituant un véritable accompagnement social pour sortir de la précarité
- Par l’abolition de tous les obstacles qui se dressent à la sortie de prison et conduisent à une mise au ban indéfinie, illimitée, mortelle.