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Après le suicide d’un détenu « On veut savoir la vérité »

Mise en ligne : 14 août 2004

Dernière modification : 2 décembre 2004

Texte de l'article :

Strasbourg : après le suicide d’un détenu « On veut savoir la vérité » 
Hier soir, une centaine de jeunes a marché depuis Cronenbourg jusqu’à l’hôtel de police, pour avoir des explications après le suicide d’un jeune homme, samedi à la maison d’arrêt de Strasbourg.(Photo DNA - Cédric Joubert)

 Une centaine de jeunes du quartier de Cronenbourg a convergé vers l’hôtel de police de Strasbourg hier soir pour avoir des explications après le suicide d’un jeune homme originaire de leur quartier, samedi, à la maison d’arrêt.
 « C’est un gars solide, il avait déjà fait trois fois de la détention. Le suicide c’est pas son tempérament ». Cette phrase, prononcée par un jeune homme hier soir, vers 19 h30, devant l’hôtel de police, à Strasbourg, résume à elle seule l’état d’esprit des manifestants.

« Vaste mensonge »

 Hier, en fin d’après-midi, une centaine de jeunes gens de la cité nucléaire de Cronenbourg a convergé vers l’hôtel de police, lors d’une marche qui se voulait « silencieuse et pacifique. »
 Leur but ? Avoir « des explications » sur le suicide d’un jeune homme âgé de 20 ans, samedi, vers 18 h, à la maison d’arrêt de Strasbourg. Le jeune homme, originaire de Cronenbourg avait été placé en détention provisoire quelques jours auparavant. Il devait être transféré aujourd’hui à la maison d’arrêt de Mulhouse. Selon l’administration pénitentiaire, il se serait pendu à l’aide d’un drap.
 Une version qui ne convient ni à la famille du défunt, ni aux jeunes du quartier, qui y voient « une mort suspecte ». « Il connaît la prison, le mitard... Ils disent que c’est un suicide, mais je ne suis pas convaincue. Il aurait aussi pu être tabassé à mort. J’attends de voir le corps à la morgue pour me faire une idée », explique l’une des soeurs du défunt, à sa sortie du commissariat, vers 20 h, où elle venait d’être reçue durant une demi-heure par un responsable de la sûreté départementale.

 Pendant l’entretien, l’hôtel de police a été bouclé par une cinquantaine de CRS appelés en renfort. De l’autre côté de la chaussée, les jeunes ont tous les mêmes mots à la bouche : « On veut savoir la vérité » ; « On veut savoir ce qui s’est passé ». « Le suicide ? On n’y croit pas, c’est impossible », tranche un jeune qui connaît le défunt depuis l’école primaire. « C’est un vaste mensonge », lance un ancien codétenu.
 Tous soulignent leurs intentions pacifiques, même si quelques insultes ont été proférées à l’encontre des CRS par une minorité de jeunes à leur départ du commissariat. « Le pire, ce serait que ça se passe mal dans le quartier ce soir », souligne encore la soeur du défunt, avant de lancer des appels au calme.
 Du côté de la police, des renforts de CRS ont été dépêchés hier soir dans le quartier de Cronenbourg. Hier soir, lors du retour des marcheurs vers le quartier, quelques incidents isolés ont pourtant été constatés.
 Quelques voitures ont notamment été dégradées rue d’Andlau, rue de Marmoutier, rue Augustin-Fresnel. Une voiture a été incendiée peu avant 21 h, rue Paracelse.

Barbara Schuster

© Dernières Nouvelles d’Alsace - Lun 15 mars 2004