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Appel des femmes de la Maison d’Arrêt d’Avignon

Mise en ligne : 3 février 2003

Texte de l'article :

Lundi 27 janvier 2003

Nous, les détenues de la Maison d’Arrêt, quartier femme, émettons le désir de ne pas être transférées dans les Maisons d’Arrêts trop éloignées de nos lieux de vie. Nous souhaitons le maintien d’un quartier femmes. La plupart, et même la majorité d’entre-nous, sommes des prévenues des tribunaux d’Avignon, Carpentras ou Tarascon. Nos familles vivent dans ces zones-là. Nous devons être transférées à Marseille, Draguignan (ou Nice), seules détentions de la région concernée. La majorité de ces prévenues n’ont pas un parcours judiciaire antérieur, ce qui rend notre population spécifique.

Les instructions sont longues et pénibles, pour des femmes qui ont besoin d’être soutenues, de ce fait. La situation d’une femme incarcérée est difficile, car elle est séparée de ses enfants, de sa famille, enfants souvent pris en charge par d’autres personnes qui n’ont pas toujours la possibilité de se déplacer (familles d’accueil, foyer, parents âgés, fratrie ayant elle-même d’autres obligations ).

S’ajoute ainsi une souffrance supplémentaire, partagée par tout un milieu familial. Si on examine au cas par cas, on s’aperçoit que la délinquance féminine est aussi très particulière, souvent liée à celle de leur compagnon, entraînées dans un système de suggestions, plutôt que volonté propre. Elles sont donc doublement pénalisées. La « petite détention » quartier femmes d’Avignon, en fait un lieu à part , dans le système carcéral, ou les surveillantes ont choisi de travailler au milieu d’autres femmes. Il était prévue à la nouvelle prison du Pontet, un « quartier femmes » qui a été remplacé par un « quartier mineurs » à la demande de madame Guigou à l’époque ministre de la justice. Nous pensons, qu’il est toujours possible de conserver dans cette nouvelle prison un « quartier femmes », à la satisfaction des détenues, du personnel de surveillance féminin, et des familles. Etant une infime minorité en milieu carcéral, il ne faut pas que la femme soit de nouveau mise « aux oubliettes », car nous avons besoin, autant, que les hommes ou mineurs d’être rapprochées, au lieu d’être éloignées, de nos enfants et familles, pour le maintien des liens familiaux, ou amicaux. Nous souhaitons que notre appel soit entendu et rendu public par ceux qui partagent notre point de vue puisque nous sommes dans l’incapacité de faire entendre nos souhaits. 

Avignon, Ste Anne Le 24.11.2002

Les détenues du « quartier femme » de la M.A d’Avignon ont été transférées le 16. 01 2003. Ce texte ayant été intercepté, nous ne le reproduisons que maintenant. Les autres prisonniers seront transférés fin mars dans la nouvelle M.A. du Pontet. Avignon le 24.01 2003.