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Annexe 19 Fiche action C : Améliorer le dépistage et le traitement de la dépression

Mise en ligne : 19 janvier 2004

Texte de l'article :

Fiche action 19 C : Améliorer le dépistage et le traitement de la dépression

But : réduire la souffrance, notamment le désespoir, induit par la dépression et diminuer le taux de suicide chez les personnes détenues et dépressives. La dépression non traitée est considérée actuellement comme la première cause de suicide.

Les mesures à prendre :
Médecins généralistes et psychiatres sont formés pour traiter ces affections qui représentent une très large part de leur patientèle. Cependant nous avons fait le constat que le dépistage et le traitement de la dépression subissaient trop de variations et qu’il n’y avait pas d’organisation spécifique. De ce fait, quelques mesures sont nécessaires :
- organiser le dépistage de la dépression chez les personnes détenues et la mise en oeuvre des traitements appropriés ;
- l’identification des symptômes de la dépression doit être une priorité dans l’évaluation de tous les arrivants et lors de modifications survenant chez tout détenu ;
- les professionnels et bénévoles intervenant auprès des détenus doivent connaître les signes de la dépression, non pour en faire le diagnostic, mais pour recueillir et transmettre avec le plus de précision possible ce que vit cette personne (dire que quelqu’un ne va pas est trop imprécis) ;
- les manifestations agressives de la dépression sont à bien connaître, car fréquentes chez les hommes : refus, agitation, accès de colère, agression verbales, menaces, voire automutilations …. ;
- le diagnostic, le traitement et le suivi de la dépression sont de la compétence des médecins généralistes, notamment si les personnes détenues ne souhaitent pas consulter un psychiatre ;
- le diagnostic, le traitement et le suivi des dépressions comorbides (trouble de la personnalité, abus de substance …) ressortissent au champ de la psychiatrie en raison de la complexité des intrications et du risque de suicide élevé ;
- une offre psychothérapique différenciée doit être accessible à ces patients ;
- la prévention du suicide pour ces personnes associe un traitement adapté et efficace et une surveillance active de la survenance d’une crise suicidaire ;
- la surveillance spéciale et le doublement en cellule sont insuffisants, la personne doit être incluse dans un programme thérapeutique avec une évaluation périodique.

Les ressources complémentaires à cette action :
- un programme de repérage et de traitement de la dépression est en préparation au niveau de la Direction générale de la santé, il devrait être inscrit dans la loi de santé publique ;
- les recommandations pour la pratique clinique élaborées par la Fédération française de psychiatrie et l’ANAES sur le traitement de l’épisode dépressif ;
- la formation sur l’intervention sur la crise suicidaire insiste fortement sur le repérage des symptômes de la dépression et le traitement de celle-ci (7% des déprimés meurent par suicide), ce qui devrait permettre de ne pas mettre en place de formation supplémentaire.

L’évaluation de cette action
L’indicateur proposé est le taux de personnes détenues bénéficiant d’un traitement antidépresseur et le taux de personnes détenues en surveillance spéciale pour risque de suicide sous antidépresseur.
Lors de nos visites nous avons constaté des écarts entre les établissements qui sont plus à expliquer par des variations de pratiques que par des particularités des personnes prises en charge ou non en charge. Ces taux seront à rapprocher des résultats de l’étude épidémiologique, en cours, sur la prévalence des affections psychiatriques dans la population des personnes détenues.
Une évaluation des pratiques professionnelles pourrait être conduite auprès des personnes détenues recevant seulement des anxiolytiques et/ou des hypnotiques pour vérifier qu’elles ne souffrent pas d’un état dépressif. Actuellement des chercheurs et des groupes de pression mettent en avant un risque accru de suicide sous anxiolytique. Cette suspicion devrait inciter à une certaine vigilance pour ces prescriptions dont la fréquence paraît parfois très élevée.