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Allemagne : Déroulement de la journée type en prison

Mise en ligne : 29 octobre 2006

Dernière modification : 27 septembre 2010

Dans le cadre de la préparation du congrès national de l’association à Strasbourg, des visiteurs alsaciens sont allés à la rencontre de leurs voisins européens - l’Allemagne et la Suisse - pour découvrir les particularités de leurs systèmes pénaux respectifs. Ils se sont rendus à la prison de Freiburg en Allemagne où ils ont pu rencontrer des responsables bénévoles locaux et à Berne en Suisse pour découvrir le ‘‘service de la probation’’ du canton de Berne.

Texte de l'article :

Le 6 juillet 2005, cinq visiteurs de prison alsaciens ont été invités à visiter la prison de Freiburg/Breisgau (Allemagne) à l’occasion de la rencontre annuelle des bénévoles intervenant dans la prison et de la direction. Mme Ursula Conrad, membre de Accord 67 était également invitée et assurait la traduction.

La prison de Freiburg, construite vers 1870 se trouve en plein centre-ville. Elle contient 1800 places de détenus.
Le visiteur Français est d’abord surpris par la propreté et la fonctionnalité des lieux. La surpopulation carcérale est limitée d’après les chiffres qui nous ont été transmis (de l’ordre de 4%). 15% environ des peines sont exécutées en milieu ouvert. Il s’en suit un sentiment de respect de la personne qui ne signifie en aucun cas laxisme.
Ainsi les parloirs sont des pièces dans lesquelles se trouvent un détenu et ses visiteurs (trois au maximum). La durée des visites est d’au moins 90 minutes par mois en deux séances maximum. Trois visiteurs au plus sont admis à la fois et certaines personnes peuvent être interdites de visite.
Une vitre permet d’avoir vue sur l’intérieur des parloirs ; pour certains détenus les conversations peuvent être écoutées.
Le travail ou la formation tiennent une place importante. Le travail est en principe obligatoire. Une douzaine d’ateliers fonctionnent, servant aussi bien aux besoins de la prison (cuisine, boucherie, maçonnerie, peinture, électricité, chauffage...) qu’à des entreprises extérieures. L’apprentissage de 6 métiers est possible (menuisier, cuisinier, charcutier, mécanicien, monteur, tailleur). Environ 120 détenus de la prison de Freiburg (pour une population pénale de 1800) suivent une formation professionnelle ou générale.

Le salaire varie de 7,82 € à 13,04 € par heure. Ceux à qui on n’a pas pu donner un travail (on ne nous a pas fourni de chiffre à ce sujet) touchent comme « argent de poche » 30,66 €.
Il n’est fait aucun versement à une caisse de retraite ni pour la sécurité sociale maladie. Par contre le Land Bade-Wurtenberg verse 6,78 € par jour de travail à l’Assedic.
3/7 du salaire est comptabilisé comme « argent de ménage » et peut être dépensé lors des deux cantines mensuelles qui se tiennent à la prison.
4/7 sont versés sur un « compte relais » qui doit permettre de subvenir aux premiers temps suivant la libération.
Ce compte est approvisionné jusqu’à ce qu’il atteigne 1 565 €.

L’emploi du temps-type est le suivant :
7h00 - 15h40 : travail
15h50 - 16h50 : promenade
17h30 - 19h00 : loisirs en groupes
19h15 - 21h15 : sport

L’administration pénitentiaire allemande fait largement appel à des intervenants bénévoles pour animer les groupes de loisirs, sport, formation, religieux. Au total ce sont 137 personnes extérieures qui interviennent à la prison dont 106 bénévoles.

La fin de peine paraît très encadrée. Ce qui nous a surpris, nous Français, ce sont les facilités données au détenu libérable pour trouver du travail. D’un côté à sa libération le détenu dispose de larges facilités au niveau des moyens de transport et ce, durant 6 semaines. D’un autre côté, les entreprises qui accueillent des ex-détenus sont aidées, si bien qu’on a affirmé que 90% des sortants trouvent du travail, ce qui laisse rêveur.
Par contre, il y a dans les prisons une aile où sont logées des personnes qui ont fait leur temps de détention mais sont jugées dangereuses pour elles-mêmes ou pour leur entourage. Une commission se prononce avant leur libération définitive.
Une visite de quelques heures ne permet un pas un jugement sérieux. Pourtant nous avons gardé de notre rencontre l’impression que le système pénitentiaire allemand permet de sauvegarder une certaine humanité chez les détenus, grâce à la propreté des locaux (nous avons vu des poubelles permettant de faire le tri des déchets !), à la large place donnée au travail et aux activités en général, et à la présence très importante des personnes extérieures. Bref, ce fut une après-midi revigorante !

René Foltzer
Visiteur ANVP à la MC d’Ensisheim (68)

Source : Jéricho n°192, Avril 2006, ANVP