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(2001) Psychiatrie en milieu pénitentiaire (Franche Comté)

3 Approche groupale d’une conduite addictive : Expérience avec des patients présentant un problème d’alcoolisation

Mise en ligne : 18 juin 2005

Texte de l'article :

Approche groupale d’une conduite addictive : Expérience avec des patients présentant un problème d’alcoolisation

1° Journée Inter-régionale des intervenants, des dispositifs de soins psychiatriques en milieu pénitentiaire (Franche-Comté 1 Juin 2001)

Intervention de Denis GRÜTER, psychologue clinicien à l’UCSA de la maison d’arrêt de Besançon

Différentes études ont porté sur les problèmes d’alcool de la population carcérale. Elles indiquent des chiffres tournant autours de 30% des détenus présentant un problème lié à l’alcool.

 Par « problème lié à l’alcool » on entend une consommation à risque (14 ou 28 verres par semaine, 12 ivresses par an) susceptible d’entraîner une maladie (dont la dépendance) et/ou une conséquence grave comme l’incarcération pour conduite sous l’empire de l’alcool.

schéma

 La présente communication traite d’une expérience de groupe d’aide aux alcoolique, mis en place dans le cadre d’un partenariat entre l’UCSA et le Centre d’Alcoologie de Besançon.

 La présence d’une stagiaire infirmière avait dégagé du temps à l’équipe et permis que des questionnaires de santé soient passés à chaque détenu arrivant.

Aussi, nous pouvions retrouver assez facilement les détenus mentionnant avoir un problème d’alcoolisation, même si ce dernier n’était pas en lien direct avec le délit, et leur proposer d’intégrer le groupe.

Objectifs du groupe
- Aider les personnes engagées dans un processus d’abstinence à trouver les moyens de faire face aux sensations et aux envies d’alcool, ainsi qu’aux situations à risque.
- En partageant leurs expériences, les personnes réfléchissent ensemble et individuellement à leurs difficultés, à leurs propres solutions et à la responsabilité de chacun envers lui même et les autres.

Fonctionnement
Nous avons opté pour un groupe fermé, avec un nombre de séances déterminé (10), des thèmes de réflexion (affirmation de soi, savoir refuser une invitation à boire de l’alcool, faire face aux envies de boire, la rechute...).
Le motif de l’incarcération n’était pas abordé. L’investissement des participants a été fort.

Déroulement des séances
Au cours des séances, les participants ont reconnu la consommation d’alcool comme un problème à prendre en charge.
Parti d’une banalisation de l’alcool, considéré comme « social », convivial, voire « normal », le discours s’est déplacé vers l’alcool comme problème personnel à traiter, chacun prenant conscience de ses motivations profondes à s’alcooliser (timidité, besoin d’oublier, mal-être, anxiété).

Conclusion
Les patients qui ont participé au groupe ont apprécié de pouvoir échanger leurs difficultés, leurs expériences, leurs espoirs.
Les thèmes abordés correspondent aux préoccupations des personnes et aux difficultés rencontrées dans leur quotidien.
Le groupe de parole en milieu carcéral est une occasion pour les personnes de sortir du cloisonnement. Il leur apporte valorisation, renforçe l’estime de soi, et stimule une réflexion possible sur eux-même, quel que soit leur niveau. Il a suscité chez la plupart des patients l’envie d’effectuer une démarche personnelle de soins.

Limites
Une des difficultés à laquelle nous nous sommes heurté a été les sorties et transferts de détenus qui ont réduit le nombre de participants.

En outre, nous avons actuellement du mal à monter un nouveau groupe, faute de candidats.
En effet, les détenus présentant un problème d’alcool sont moins bien repérés. Un certain nombre ne souhaite pas engager une démarche de soin. Pair d’autres, la durée de la peine est trop courte pour participer à 10 séances.

Perspectives actuelles
Actuellement, nous mettons en place un réseau de partenaires (UCSA, Centre d’Alcoologie, SPIP).
Ce partenariat devrait permettre un meilleur repérage de la population et une meilleure orientation des personnes vers différents types de prise en charge (individuels et de groupe).

Source : Site Psy-désir