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Evasions et Révoltes de prisonnier(e)s

(2008) Prisons grecques : Suspension de la grève de la faim des prisonniers

Mise en ligne : 22 novembre 2008

Texte de l'article :

SUSPENSION DE LA GREVE DE LA FAIM DES PRISONNIERS EN GRECE

Avec un taux de participation historique pour une grève des prisonniers (10 000 sur 12 000 détenus en Grèce ont participé à la grève de la faim, totale pour 6 000 parmi eux), avec plus de 3 000 signatures de soutien de la société civile, un large soutien des personnalités de la culture et de la vie politique de tous bords, et un soutien de toutes les grandes associations et ONG grecques, y compris du Médiateur de la République et du chef du gouvernent, cette révolte vient, après 18 jours, être couronnée d’un certain succès.

Le ministre de la Justice a saisi, le 19 novembre, le Parlement grec d’un nombre de propositions qui permettront la mise en liberté rapide de 1 500 détenus :
- Exemption d’exécution de la peine des condamnés à des délits qui ont déjà exécuté : 1/5 de leur peine si leur condamnation était inférieure à 2 ans, et 1/3 de leur peine si leur condamnation était supérieure à 2 ans ;
- Reconversion automatique des peines de privation de liberté inférieures à 5 ans en peines pécuniaires sans aucune exception (1 jour de peine vaut 3 euros) ;
- Accès des condamnés pour trafic de drogue à la libération conditionnelle dans les mêmes délais que les autres détenus, à savoir après l’exécution de 3/5 de leur peine (à l’exception des trafiquants par profession, de grands trafiquants, et des condamnés pour trafic organisé et trafic auprès des mineurs ).

Si ces propositions sont loin de satisfaire l’ensemble des revendications, les grévistes ont décidé de suspendre leur grève à partir d’aujourd’hui, vendredi 21 novembre. Ils font crédit de temps au Ministre pour réaliser progressivement les autres réformes revendiquées.

Le Comité des détenus, constitué à l’occasion de cette grève, a déclaré que les détenus restent vigilants pour l’application immédiate des mesures annoncées par le ministre et pour la réalisation progressive des autres revendications.

Ils rappellent en particulier, leur demande de :
- Supprimer la prison pour les mineurs ;
- Appliquer à tous les condamnés pour trafic de drogue les mêmes délais pour l’accès à la libération conditionnelle et aux permissions de sortir ;
- Supprimer le cumul des sanctions disciplinaires
- Appliquer à tous les détenus les conditions les plus favorables pour l’accès aux permissions de sortir et à la libération conditionnelle ;
- Mettre en place des centres thérapeutiques pour les détenus toxicomanes ;
- Mettre en place effective la sanction alternative de Travail d’intérêt général ;
- Réformer le système de soins ;
- Intégrer en droit pénitentiaire grec toutes les normes européennes les plus favorables ;
- Rendre accessibles les prisons (par l’ouverture au contrôle de la société civile et par la proximité géographique avec les proches des détenus) ;
- Autoriser les relations intimes avec leurs partenaires ;
- Améliorer les conditions matérielles et l’organisation de la vie en prison (diminution du nombre des détenus par cellule, amélioration de l’hygiène, réduction du coût de vie en prison, services sociaux dignes de ce nom, accès aux soins dignes de ce nom, menottage dans le dos lors des transferts etc.)

Le Comité des détenus a remercié la société grecque pour la mobilisation et la solidarité exprimée à leur égard, signe, d’après eux, de la reconnaissance de leur dignité.