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(2008) Première visite à la prison de Moulins Yzeure en ce 21 juin 2008

Mise en ligne : 24 janvier 2009

Texte de l'article :

C’était la première fois que je me rendais à la prison de Moulins-Yzeure en ce 21 juin 2008. Pour un jour de fête de la musique c’était une drôle de partition me dis-je en marchant.

J’avais très peu dormi et mon sommeil troué de cauchemars avait dessiné sous mes yeux une fine dentelle. J’étais aussi cernée qu’une île du pacifique par le bleu.

J’avais rendez vous à 8 heures 30, à la gare de Lyon avec une équipe de tournage de France 2, qui devait m’accompagner à la prison dans le cadre d’un reportage sur les proches et les familles de prisonniers.

J’avais enchaîné dans un concentré d’une heure et demi, douche, brushing, café et yoga. J’étais parée et fin prête quand je bouclais la porte de mon deux pièces après avoir trouvé mes clés du premier coup. Je repensais en souriant au nombre de fois où j’avais du laisser ma porte ouverte parce que je les trouvais pas. A peine eu mis je un pied dehors que la chaleur me parut accablante malgré l’heure matinale. Je n’avais pratiquement pas dormi et mes nerfs, sortis de l’étui, étaient à vif.

J’avais la tête comme une cocotte minute. De la soupape de sécurité les idées s’échappaient en petits jets brulants qui venaient se condenser sur mon front. Tous les cent mètres je sortais un kleenex pour l’éponger. Qu’allais je raconter d’intéressant, face caméra, à des milliers de personnes qui regarderaient ces 12 minutes de reportage entre le fromage et le dessert pour qu’elles ne l’oublient pas arrivées au café ?

Je m’étais déjà exprimée l’avant veille devant Stenka sur les incohérences du système carcéral et, franchement, il y avait de la matière. Quant à Malika et Sylvie mes belles filles, elles avaient abordé le douloureux problème du maintien des liens familiaux face à l’enfermement.

J’avais les tripes nouées et du mal à déglutir. Mon ventre faisait des nœuds qui re serraient la boucle sur mon présent décomposé, le gardaient bien au chaud, bien compact dans mon grand centre de rétention pour que je n’oublie pas. J’avais la gorge aussi sèche que les fesses d’un pendu.

Que pouvais lui dire de plus qui ne soit sujet à caution ou censuré ? Là, résidait toute la difficulté de l’exercice. Il était d’une telle complexité au regard la politique sécuritaire actuelle qu’il était peu facile d’accès pour quiconque s’y aventurait. Il me fallait la préserver parce que des sherpas de l’info, dans les médias actuels, il fallait bien le reconnaître il y en avait pas trop.

Je ne pouvais pas vraiment livrer le fond de ma pensée qui était bétonnée d’angoisses. Trop abrupte, trop acide, trop corrosive. De la pure lave en fusion. La révolte y bouillonnait brûlante de toutes les injustices. Championne du monde des frustrations.

Je n’étais pas la seule à ressentir de la colère. Nombre de ceux qui approchaient la prison, finissaient par admettre que briser était sa seule et véritable mission. Et, face au rouleau compresseur, beaucoup se sentaient impuissants et restaient là, choqués, tétanisés, les bras ballants, ne trouvant rien à dire, ne sachant pas quoi faire. En fait, tous se rendaient compte que rien n’avait changé depuis des siècles et que les droits de l’homme et pire, le droit tout court, dans toutes ces zones n’existaient pas. Ils n’étaient qu’un leurre, une utopie, une illusion.

Christophe avait été transféré dans cette nouvelle centrale sans aucune autre raison.

C’était le 24 ème établissement pénitentiaire dans lequel il échouait après 13 années de détention. Je ne comprenais pas la raison de cet énième transfert. A la centrale de Saint- Maur d’où il était parti, il participait à un stage d’audio visuel lorsqu’il était intervenu. C’était la première fois qu’il montait un projet de vie sur les ruines carcérales.

Il s’occupait du canal interne de la prison, à un poste qui avait été remis en place spécialement pour lui. Il avait d’ailleurs fait son premier film sur deux comiques de Canal + venus se produire à la prison quelques temps auparavant.

A la rentrée prochaine, il devait apprendre le métier d’ingénieur du son. Et toute la famille commençait à peine à respirer quand la nouvelle était tombée. Tout cela lui avait été confisqué, comme ça, clac, ’un simple claquement de doigts, sans que rien ni personne n’y trouvât à redire. Elle nous plongeait au fond de l’incompréhension et enfermait une nouvelle fois l’espoir dans la boite de Pandore, avec les autres maux.

Rien ne lui avait été signifié par écrit, ni verbalisé d’ailleurs. Pas de mesure particulière indiquant une punition. Rien non plus n’avait été signifié à Delphine son avocate qui avait sur sa demande, déposé deux référés de devant le tribunal administratif, afin de contester la décision.

Comment l’Ap osait elle parler de réinsertion si avant même qu’il même qu’ils ne prennent corps, avant même qu’ils ne naissent, elle avortait leur réalisation et replongeait les gars dans leur néant ? Partout où je posais mon regard la prison s’étendait à perte de vie.

Pour cette raison j’étais bien décidée, une fois de plus, à résister à ses côtés.

C’était à l’identique pour presque tous les gars qui subissaient le joug de l’arbitraire et pour leurs familles aussi . Pour ceux qu’on appelait les « longues peines » ceux qui n’avaient pas été condamnés à la peine de mort mais à une peine à vie. Rien n’était mis en place. Rien ne leur était réellement proposé contre les perfusions d’oubli qu’on distribuait à tour de bras dans la tiédeur des cours d’assises, sur le modèle américain. Leur vie se déversait dans un évier puant d’un robinet au joint usé sur un rythme lancinant. Ploc...Ploc...Ploc...Ploc...Ploc...Ploc...Ploc...Ploc...Ploc...Ploc...Ploc...Ploc...Ploc...

Quant au vautour sécuritaire il tournoyait dans leur désert puis se gavait de la pourriture sur le dos de la bête, dans la décharge humaine emplie de nos excès de production.

Pouvais je dire à Stenka que la prison était une sanisette géante glissée par le système sous les fesses de la société dans laquelle elle se vidait de toutes ses peurs, de toutes ses haines, de ses fantasmes et de ses déceptions dans une diarrhée démocratique sans fin. Ce qui la soulageait un court moment de toutes ses frustrations.

Une fois la porte fermée, la sanisette broyait, javellisait, déchiquetait les hommes jusqu’à les rendre dingues.

Elle ne se contentait pas de confisquer la liberté, elle fabriquait des fauves et exigeait d’eux qu’ils admettent qu’ils étaient mauvais et que pour ça, ils se devaient d’expier.

Ce qui me bouleversais le plus était leur manque de perspectives, la décrépitude de leurs jours, l’abolition de leur jeunesse, le tarissement de leurs envies avec comme seule issue la folie ou la mort.

Parce que comme un grand huit son hermétisme centrifuge les « blood shakait » pendant des mois ou des années puis les plaquait au sol sous la vitesse sécuritaire et les spirales de son cercle vicieux. Fractures sociales ou hématomes sécuritaires personne n’en sortait indemne ou grandi. Quant aux familles et tous les proches pendant longtemps ils gardaient sur eux l’odeur nauséabonde de la fosse devant laquelle la société fermait les yeux en se bouchant le nez.

Tous les théoriciens de la situation carcérale ou de la condition pénitentiaire qui à longueur d’année embrassaient la question se hissaient à grand peine jusqu’aux genoux de son inacceptable réalité.

Seuls ceux qui la vivait de près savaient qu’elle tuait, rendait malade et fabriquait la récidive. Tout y était à l’excès, le nombre de suicides, les pathologies mentales et la violence aussi. Elle s’infiltrait partout. Elle était contagieuse. Presque personne ne pouvait échapper à la mortelle pandémie. Et tous les fumigènes de la réforme qui essayaient de re-décorer l’enfer n’y pouvaient rien changer. Elle restait là, sinistre, énorme, déshumanisante comme une verrue sur la démocratie. Ces hommes privés de toute humanité à force de dissidence et de révolte finissaient par faire gober et consentir à toute la société le bien fondé de leur enfermement.

Temps infini de la peine où évidés par le rien, déshydratés par l’ennui, ils se recroquevillaient et puis se desséchaient dans l’immense herbier de dieu.

Tous ceux qui comme moi croyaient en la mythologie humaniste en étaient pour leurs frais. Le concept flottait sur le bourbier sécuritaire à la surface duquel dérivaient les consciences humaines, la morale, les valeurs citoyennes, l’éthique et tout ce tas de conneries de mots fourre tout, qui tentaient nous faire croire que nous avions un libre arbitre.

Tout était faux. C’était une fumisterie géante, un colossal mensonge qui permettait à certains d’entre nous de ne pas péter les plombs ou de tenir debout .

La vérité était que nous étions aussi désespérés que dix mille hommes en taule un soir de réveillon parce que nous prenions conscience, chaque jour davantage, que le berceau des droits de l’homme était en fait celui des illusions.

Nous avions beau jeu de bavarder de règles européennes, de conditions de détention et de réformes, subtiles et sinueuses, les humiliations, la torture, les inégalités sociales festonnaient les contours du droit. Pendant ce temps la bête elle, digérait les hommes et leurs familles par petits bouts.

C’était un raffinement sans nom de la torture qui s’étalait dans la durée. Une gangrène temporelle ou une nécrose vitale qui les voyait pourrir vivants. L’abolition de la peine de mort ne faisait qu’abolir la vie et sous le déguisement humain, elle implosait le pardon.

La prison était une hécatombe sociale, un cimetière du droit, un grand laboratoire où l’on expérimentait la résistance humaine jusqu’aux confins de l’homme, jusqu’à son érosion.

Si la guillotine ne laissait aucune chance, la prison non plus car la gémellité du résultat était ici une évidence

Avec les nouveaux textes de loi, la rétention de sûreté diluait la peine dans le temps qui ne s’achevait qu’avec la mort de tous ces hommes auxquels elle s’appliquait.

Je l’appelais la rédemption de sûreté, c’est à Christophe que j’avais piqué l’expression.

Depuis des mois elle m’empêchait de dormir. Là, avec la chaleur c’était carrément insupportable. Je tournais et me retournais dans mon lit puis rejetais cent fois les draps sans pouvoir trouver le sommeil, comme toutes ces nuits sans âme dégueulées par l’enfer.

Et lorsque j’y parvenais, la vision de mes fils contraints, brimés, meurtris ainsi que celle de tous les prisonniers du monde me terrassait. Comme si, la nuit jetait sur mes épaules un grand filet d’angoisses où je me débattais jusqu’à l’aube pour ne pas mourir au fond.

Et le matin à peine levée, minée par le manque de sommeil, usée par mes éclats de nuit je m’en vais quand même tenter découper les barbelés autour des cœurs, portée par la rage de mes convictions.

C’est cela la réalité d’une maman de taulard à l’identique de tous les proches des personnes détenues. Comme mes fils j’étais condamnée à des années de prison. Je la vivais avec eux, je la respirais, la subissais avec eux et portais ses barreaux jusqu’aux tréfonds de mes cellules. La valse des transferts, le tourisme carcéral, les turn over sans fin me vidaient peu à peu de ma substance vitale en dépeçant mes forces et usaient jusqu’à l’os ma résistance humaine qui finissait parfois par émousser ma propre rébellion.

L’escalator me conduisit jusqu’au premier étage où j’atterris dans la gare mais du mauvais côté du rendez vous. J’avais toujours la gorge sèche et maintenant une toux d’irritation

Etait de la partie.

Stenka arriva à l’heure pile accompagné d’un type que je ne connaissais pas. Je m’avançais vers elle pour la saluer.

- Salut Stenka

- Salut Catherine comment vas tu ? Je te présente Philippe mon nouveau cadreur.

- Bonjour Philippe

- Bonjour Catherine, enchanté.

- Bon, ben, j’espère que nous allons faire quelque chose de pas mal à nous tous.

- Oui, bien sur il n’y pas de raison.

Il me fit bonne impression et j’aimais d’emblée son sourire sympathique..

J’avais traversé les deux halls pour les rejoindre au rendez vous. Malgré l’heure matinale là encore, la chaleur était insupportable. Je bus avec eux un rapide café et, tandis que je le finissais, Malika ma belle fille arriva à son tour. Ma gorge se dérida un peu.

Sylvie, la copine de Christophe ne nous accompagnait pas, fragilisée elle déprimait sous sa couette et je la comprenais.

Elle n’aimait pas les caméras et s’était désistée au dernier moment en nous envoyant un texto : « Suis fatiguée. Pas envie de parler devant la caméra. Bon voyage. Bises à Christophe. »

Nous traversâmes en sens inverse le trajet que je venais d’effectuer, le train était affiché au départ mais, dans l’autre hall. C’était un train Corail dans lequel, lorsque j’y pénétrais, la chaleur et une odeur de sueur me saisirent à la gorge.

Stenka commença à poser des questions tandis que Malika et Sara ma petite fille s’asseyaient, sur les deux sièges à mes côtés. Il y avait deux heures et demi à passer dans ce train et le boîtier du micro me démangeait déjà le dos, tandis que dans ma tête, les mots se bousculaient.

Je ne pouvais dire à Stenka toute ma révolte, mais je savais qu’elle la sentait présente, compacte, homogène, intégrale et sans détours.

Stenka faisait partie de ces bobos que j’aimais bien, ceux qui voulaient faire avancer le monde en s’impliquant vraiment. Peu m’importait la façon dont elle s’y prenait ou le biais adopté pour le faire. Avec ce sujet difficile, elle glissait le pied dans la porte des tabous et des non-dits et je ne retenais que ce courage là.

J’espérais qu’elle traitât le sujet comme les journalistes de la presse Finlandaise qui évitaient tout sensationnalisme lorsqu’ils avaient à faire à une affaire criminelle médiatisée. Peut être cela participait il au fait que l’incarcération, dans leur pays, était en décroissance constante. D’emblée je lui accordais mon attention et lui donnais quelques messages faciles à faire passer face caméra.

Par exemple, je trouvais inadmissible qu’une famille, payât au prix fort, un billet de train pour aller voir un proche en prison. En fait, nous les proches nous payons le prix fort sur tout, physiquement, moralement, psychologiquement et financièrement, ce qui nous laisse exsangues et déprimés, là, au bord de l’autoroute sociale.

- Tu trouves ça normal toi Stenka ?

- Je me pose surtout la question de comment font les familles qui n’ont aucun moyen financier ?

- Je n’ai aucun moyen je ne touche que 700 euros par mois.

- Alors comment fais tu ?

- Je suis obligée de frauder parfois ou d’espacer les visites ce qui est inacceptable à mes yeux.

- Et après tu payes les amendes ?

- Non, évidemment je ne peux pas surtout qu’elles sont automatiquement majorées.

- Alors comment ça se passe ?

- Ben, les impôts te menacent à coups de lettres de rappel surlignées en rouge « dernière lettre avant ouverture des portes de votre domicile » qui m’empêchent de dormir au début, puis, je finis par laisser ma porte ouverte pour ne pas avoir une nouvelle serrure à payer.

- Ensuite, ils viennent te saisir le peu de trucs que tu possèdes et que t’as mis des lustres à te payer. Aujourd’hui, c’est à la source qu’ils saisissent, à la Caf (caisse d’allocation familiales) même avec un Rmi, ce qui semblait impossible il y a peu encore.

- Sympa non ?

- C’est incroyable !

- Oui, je suis d’accord mais c’est une réalité pour énormément de familles qui viennent au parloir.

- La sérénade sur le maintien des liens familiaux, le bel canto de la réinsertion chantés sur tous les tons par l’administration pénitentiaire, ne sont qu’un opéra comique, une bouffonnade qui ne fait que renforcer la corde qui nous pend à la prison et sur laquelle elle tire sans états d’âme jusqu’à l’étouffement.

- Aujourd’hui, par exemple pour ce voyage jusqu’à Moulins, qui n’est pas la plus éloignée des prisons, le montant du billet aller et retour s’élève à 80 euros. Il ne comprend pas le prix du transport entre les gares et la prison, ni le prix d’un repas, même succinct, avalé sur le pouce avant le parloir.

Et sans manger, il est impossible de tenir le tempo carcéral, ni la cadence sécuritaire.

J’étais bien décidée à monter une association de familles, dès la rentrée prochaine, au sein d’une organisation légale. J’avais compris depuis longtemps que lutter hors des sentiers battus, hors de la norme stigmatisait tellement celui qui s’y aventurait, qu’en moins de temps qu’il n’en fallait à la misère pour envahir le pauvre monde, faisait de lui un élément subversif, un anarchiste, un terroriste ou je ne sais quoi d’autre de dangereux qu’il fallait écarter à tout prix du troupeau.

Depuis qu’on m’avait pris mon Adn et qu’il se promenait dans un fichier ou un obscur labo, j’avais compris que la prudence était de mise.

J’avais décidé d’appeler cette association A.R.P.P.I. (Association pour le Respect des Proches de Personnes Incarcérées) Je n’aimais pas le mot incarcérer. Mais bon, là, j’en avais besoin pour garder la lettre I dans l’intitulé, une sorte de clin d’œil phonétique au mot harpie. Nous étions plusieurs femmes très en colère à vouloir y participer, face au manque de respect chronique que nous subissions, comme beaucoup d’autres familles dans les prisons.

J’estimais que toutes les familles, sans exception aucune, devaient être respectées. Pour cela il fallait qu’elles refusent d’emprunter le chemin de l’humiliation. Elles ne l’avaient pas choisi. Elles qui courbaient l’échine lorsqu’un parloir, un sac de linge, un colis de noël leur était refusé d’accès.

Elles qui parcouraient parfois des milliers de kilomètres avant de s’entendre dire, arrivées devant la prison, que leur proche avait été transféré deux jours plus tôt, sans que personne ne daignât les appeler pour simplement les prévenir de ne pas se déranger.

Il y avait aussi l’intolérable galère pour la prise de rendez vous. Parfois les familles passaient une heure au téléphone voire une matinée pour tenter obtenir un rendez vous pour le parloir. Ce n’était pas gratuit bien sur. En général, nous attendions au son d’une imbuvable musique ou d’une voix impersonnelle qui tapaient sur les nerfs à répéter cent fois la même chose. Puis, au bout d’un temps variable qui se faisait plus ou moins long, la communication était coupée, sans autre forme de procès.

Lorsque ma ligne de téléphone était coupée pour défaut de paiement, je me souviens avoir pété les plombs dans une cabine téléphonique en voyant défiler les unités sur ma carte prépayée. 3 ¼ heure que j’attendais au bout du fil. A l’époque, j’avais appelé la prison de la Santé où se trouvait Cyril mon fils cadet lui qui était à l’isolement. J’avais laissé un message sur la boite vocale d’un membre de la direction. Je lui avais dit que ces attentes téléphoniques interminables étaient véritable une escroquerie organisée en partenariat avec les opérateurs de téléphone et que pour cette même raison des hommes se trouvaient en prison.

Le chef des parloirs m’avait rappelé et pris mon rendez vous. Je n’étais pas patiente alors, je n’appelais que très rarement le service des parloirs dans les prisons, seules mes belles filles s’en chargeait. Combien de proches allaient encore craquer au bout du fil, en attendant que dans une taule de France ou de Navarre on décrochât le combiné ? C’est contre tout cela, qu’il fallait nous mobiliser.

C’était inacceptable et avec l’A.R.P.P.I. j’avais décidé de lutter contre cette fatalité carcérale. La dignité était un enjeu important et sa conquête une priorité.

Catherine catherine-2005@hotmail.fr
A.R.P.P.I. 
Association pour le Respect des Proches de Personnes Incarcérées