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Date : 18-08-2008

(2008) Dispositif de dépistage du VIH

Mise en ligne : 7 septembre 2008

Texte de l'article :

Denis Lacoste
CHU Bordeaux

La Lettre de la SFLS a déjà pointé le doigt sur le problème de la réduction des risques en prison (voir le numéro 33). Au sein des UCSA, les détenus sont dépistés à l’entrée (mais seulement à l’entrée !) en maison d’arrêt et ceux dont le statut VIH est connu sont pris en charge par une équipe spécialisée. A Bordeaux, notre Président est directement impliqué dans ce dispositif. Il nous en trace l’historique et les grandes lignes.

Quelques réflexions sur le dépistage à la Maison d’arrêt de Bordeaux-Gradignan
Cet établissement a une capacité théorique de 450 places, et la moyenne d’occupation actuelle est supérieure à 800 détenus... 3 000 entrants par an, durée moyenne de séjour de 3 mois.
3 « quartiers » : 45 places de femmes, et majorité d’hommes adultes, un quartier de « jeunes détenus ». Il existe aussi un bâtiment de 40 places de semi-liberté (travailleurs en extérieur, moins accessibles aux soins de ce fait...).
Depuis 1987, a été mise en place une consultation avancée de Médecine Interne « dans les murs », en fait pour faciliter la prise en charge du VIH et éviter les extractions abusives et accompagnées de surveillants mal préparés et ignorants à l’époque des risques de transmission...
Le CDAG (Conseil Général) avait alors une vacation « IST » avec le dépistage systématique de la Syphilis... Ce qui permettait d’avoir en fait une vacation de dermatotvénérologie.
Un semblant de dépistage anonyme avait été mis en place mais rapidement remplacé par la proposition systématique de dépistage faite lors de la visite obligatoire à l’entrée des détenus avec, bien sûr, VIH et VHB, puis VHC en 1990, le CDAG ayant cessé ses activités intratmuros.
Depuis la création de l’UCSA en novembre 1995, le système n’a pas évolué, car il donne satisfaction, et permet la prise en compte rapide par l’équipe des résultats et donc une prise en charge adaptée des dét
tenus.
Très peu de refus (autant pour le VIH que les hépatites) nous ont été opposés à ces examens. A notre connaissance aucun cas de discrimination ou exclusion ne nous a été relaté par les personnes détenues régulièrement interrogées...
Bien évidemment, le problème de la confidentialité était un vrai soucis dans la période 87-95 car le spécialiste « SIDA » était bien identifié et les consultations très ciblées... C’était aussi l’époque où les surveillants de l’infirmerie préparaient les trithérapies des détenus au même titre que les autres traitements !
Aujourd’hui, les intervenants étant plus nombreux, la prise en charge « diluée », ces questions se sont pacifiées. La prévalence du VIH a considérablement baissé (moins de 10 patients en trithérapie un jour donné), par contre l’hépatite C a pris le dessus, avec les difficultés que l’on sait en milieu carcéral pour la réalisation des bilans, et des traitements, surtout en Maison d’arrêt.
Au total, si le contexte a évolué dans beaucoup de domaines de façon favorable, il reste des difficultés pour la prise en compte des résultats des dépistages réalisés, non pas tant en terme de confidentialité, mais pour les soins qui en découlent : information, prévention, suivi, traitement, relais à la sortie...

La lettre de la SFLS - n° 35 - Juin 2008