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(2008-08) Création de l’association ARPPI (Association pour le Respect des Proches de Personnes Incarcérées)

Mise en ligne : 17 août 2008

Texte de l'article :

NOUVELLE ASSOCIATION ARPPI (association pour le respect des proches de personnes incarcérées).

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Maintien des liens familiaux en milieu carcéral

Pourquoi une maman décide de ne plus amener son enfant voir son papa au parloir de la prison de Moulins-Yzeure.

J’étais retournée au parloir de Moulins avec Sylvie et Alijah ma petite fille. 2h30 de trajet en train. Nous les avions passées dans la voiture 13, dans l’espace prévu pour les enfants.

Un carré de moquette dont les motifs naïfs et colorés plaisait aux enfants. Il était entouré sur trois côtés de polochons rectangulaires en moleskine orange, pour les préserver des chocs.

Pour Alijah, c’était bien mieux que les bras et la poussette. Sylvie me dit que ça changeait de la prison de Moulins, d’où nous revenions. Là bas, ce n’était pas normal qu’au parloir on ne put pas poser l’enfant au sol alors que la poussette était proscrite à l’intérieur de celui ci.
Il était insupportable que des enfants de plus de quelques mois soient condamnés à rester dans les bras de leur mère, ou de leur père sans bouger, durant des heures et des heures, dans une étuve sans fenêtre. A Moulins Yzeure pas un endroit n’était prévu à cet effet. Il y avait bien une pièce avec fenêtre, où traînaient quelques jouets crasseux que personne n’osait prendre, vu leur état, mais les tables à l’intérieur étaient scellées et empêchaient de poser l’ enfant au sol sur lequel rien n’était prévu pour qu’il ne se blessât pas ou bien pour qu’il s’amusât.

Les gosses hurlaient, les parents culpabilisaient et la boucle était bouclée. L’érosion des liens familiaux entamait son processus jusqu’à l’usure totale. Lors de ces parloirs, le délitement de la résistance nerveuse atteignait des pics si forts, qu’en un éclair, ils pouvaient flirter avec la foudre. Je le comprenais très bien au regard du contexte et de l’environnement. C’était amplement justifié. C’était pour dénoncer cet état de fait, entre autre, que j’avais décidé, avec Sylvie et Malika mes belles filles, de monter l’association ARPPI.

Sylvie de son côté avait décidé de mener un combat contre cette fatalité carcérale en « privant » à dessein Christophe de sa fille, sa princesse ou son soleil comme il l’appelait. Presqu’un acte politique.

- T’as vu ? C’est dur pour Christophe et moi mais bon là, je suis obligée de prendre cette décision, à mon grand désespoir, si nous voulons pas que les enfants paient un délit ou un crime qu’ils n’ont pas commis. Remarque ça va être dur de se faire entendre vu qu’à 13 ans des gosses sont collés en taule dans l’indifférence quasi générale. Mais bon, je crois bien que c’est le seul moyen.

- Quoi que tu décides je suis à tes côtés.

- Oui, je le sais. C’est plus possible, même si au début nos parloirs Alijah sortait Christophe de son quotidien crasseux et frustrant en éclairant son week- end. Aujourd’hui c’est devenu l’enfer.

- Oui, je te comprends d’autant plus que c’est récurent chez toutes les maman qui amènent leurs enfants au parloir dans les mêmes conditions dégueulasses que les tiennes.

- T’as vu Sara sa cousine ? Elle est anorexique depuis des années à cause de tout ça.

- C’est ce que nous allons dénoncer avec l’asso.

- Oui, il le faut, même si je sais bien qu’avec tous les efforts du monde les parloirs ne seront jamais un lieu où les enfants pourront s’épanouir mais là, à Moulins, c’est le comble de l’horreur et les accidents dans ces conditions sont inévitables. Alijah ça la traumatise, elle pleure avant, pendant et après les parloirs. L’autre jour je l’ai posé deux minutes par terre, sur leur putain de sol à moitié bétonné, ben j’ai eu juste le temps de lui enlever les cailloux qu’elle s’était mis dans la bouche . J’te dis pas comment j’ai eu peur. Sur un tapis de sol ça ne ce serait jamais passé hein ? T’es d’accord avec moi ?

- Oui je sais, je sais, je réfléchis à une action qui éclairerait les consciences et les esprits sur les effets délétères de la prison sur les enfants, surtout lorsqu’on les oblige à subir ces parloirs dans des endroits où on ne mettrait pas un chien.

- Je sais que ce ne sont pas des endroits pour les gosses, mais là, c’est le summum du dégueulasse et notre seuil de tolérance, à ton fils et moi, est atteint. J’en peux plus de ces caves sans air, de ce sol pourri où je ne peux pas poser Alijah, les 12 heures qu’elle passe dans nos bras, c’est plus tenable. Je ne l’accepte plus.
A un an, elle veut crapahuter à quatre pattes ce qui est tout à fait normal, la bloquer dans nos bras est inhumain.
C’est pour ça que je refuse de l’amener au parloir à partir d’aujourd’hui, tant que l’Ap ne se penchera pas sur ce problème et surtout qu’elle ne le règlera pas.
C’est une vraie décision et une façon pour moi d’entrer en résistance contre l’inacceptable merde !
En tout cas, je te dis pas comment je suis contente d’arriver à la maison.

- t’es pas la seule crois moi je suis claquée.

- T’as vu ? On est quand même mieux dans ce wagon.

- T’as raison, au moins on peut étaler ses jambes sans peur de gêner son voisin.

- Bon, moi je vais me changer, avec mon pantalon je crève de chaud.

- Moi aussi j’en peux plus, je me sens comme un bonbon qu’on a sucé et puis remis dans son papier. Je colle de partout.

Tandis que j’enfilais une robe de coton blanc Sylvie mit une de ces longues robes légères qui étaient à la mode depuis le début de l’été.

Puis, nous jouâmes à tour de rôle avec Alijah qui s’énervait et qui bavait à cause de sa douleur aux dents et de l’énervement accumulé au parloir de la prison de Moulins.

Dans le train, l’espace enfants nous avait permis à toutes les deux de nous vautrer un peu. Nous avions joué aux cartes mises à disposition par la compagnie des trains. Des cartes made in fragile qui se déchiraient dés la troisième donne. Par chance, il y en avait tout un wagon.

Des souvenirs courbaturés me rappelèrent la veille au soir. Nous avions dormi dans une petite chambre, avec trois lits, flanquée d’un lavabo, dans la maison des sœurs de l’alliance qui accueillaient les familles avant les parloirs pour des nuitées.

Chacune d’elles coûtait 13 euros payables d’avance et donnait droit à des draps propres, à l’accès aux douches et autres lieux communs, notamment une cuisine où les familles pouvaient préparer à manger et faire chauffer les biberons.

Tout ça les valait bien mais, encore fallait il les avoir en plus du train, de la bouffe si on ne voulait pas tomber d’inanition au cours d’un de ces week end particulièrement éprouvants physiquement, mais aussi financièrement, à cause de tous les faux frais inhérents à ces déplacements.

Alijah avait pleuré une bonne partie de la nuit car, en plus du stress, elle faisait ses dents. Sylvie pour tenter l’endormir avait fait l’ascenseur entre la chambre où nous dormions et le rez de chaussée. A 7 heures pile, je la réveillais pour éviter que son portable ne sonne et ne réveille Alijah qui dormait depuis peu de temps.

Je n’avais jamais supporté les réveils ni les sonneries de téléphone, je n’en avais jamais eu chez moi et une horloge naturelle était greffée dans ma tête ce qui, quelque soit l’obligation, me faisait ouvrir les yeux comme un animal qui fonctionnait en mode survie. Là, en l’occurrence j’étais crevée, mais j’avais l’œil ouvert. Je devais garder Alijah durant la visite du matin où Sylvie se rendait voir Christophe. Pour Alijah et tous les autres enfants 8 à 12 heures de bras c’était bien trop insupportable.

- Surtout tu me dis bien où sont rangées les couches, les lingettes et les biberons Sylvie

- T’inquiète je t’ai tout posé sur le troisième lit.

- Tu l’embrasse pour moi.

A 8 heures moins le quart, Emma une adorable bénévole, d’une douceur sans pareil vint chercher Sylvie avec les autres femmes qui allaient au parloir. A 8h30 Alijah se réveilla grognon de sa nuit sans sommeil et me demanda une attention constante. Je discutais avec sœur Chantal de mon association et de mes luttes et la trouvais très ouverte, à l’écoute même. Nous parlâmes de l’Acat (action des chrétiens pour l’abolition de la torture) qui avait donné un concert dans le coin. Je lui racontais comment cette association était intervenue alors que Cyril faisait une grève de la faim depuis 40 jours pour dénoncer ses conditions de détention et l’isolement abusif qu’il subissait, elle parut enchantée.

A 12h10 Sylvie revint de la centrale avec les autres femmes et nous mangeâmes sur le pouce du pain bio complet, de la purée de sésame et des aubergines confites qu’elle avait amenées pour l’occasion. Elles colmatèrent avec délice nos estomacs.

A 14 heures nous avions rendez vous toutes les trois au parloir de l’après midi qui avait lieu de 14 heures à 18 heures.

Je te préviens les matons font la gueule à cause de la dernière fois.

- Ouais ben, ça les éloigne pas trop de leur habitude non ?

- Non là, au début ça allait un peu près.

- C’est parce que dans les centrales ils sont quand même plus courtois alors on s’habitue.

- Ce ne sont pas nos copains mais, ce n’est pas à cause d’une poignée d’indécrottables crétins sans éducation que je vais m’engueuler avec tous. De toute façon, si ils me font chier je ne priverais pas de leur dire, tu m’connais ?

Une fois encore, lorsque je pénétrais à l’intérieur de la prison mon poil se hérissa comme à chaque fois que j’entrais dans une prison. C’était une constance, quelque chose d’épidermique et immuable que je ne contrôlais pas.

Peu de temps après, un surveillant renfrogné prit nos papiers et nous fit signer un cahier. Une fois à l’intérieur alors que nous passions sous le portique de sécurité je me mis à sonner et ce même surveillant me demanda devant tout le monde, si mon soutien gorge avait des baleines et en ce cas de le quitter. Il y avait là deux douzaines de personnes.

Je savais pourquoi il tentait d’être odieux avec moi, Sylvie m’en avait parlé. La semaine précédente il lui avait refusé l’accès au parloir durant deux heures, comme ça pour rien prétextant un manque de place, ce qui avait eu le don de mettre Christophe, si calme à son habitude, dans une colère noire. Il avait vu les gradés qui lui avaient accordé ce parloir pour lequel Sylvie s’était déplacée de Paris et leur avait dit sa façon de penser. La cabine où il devait la voir l’après midi était restée inoccupée, tous les gars le lui avaient confirmé, ce qui de fait, était inacceptable.

Les chefs, qui s’étaient engagé à ce que Christophe eut son parloir, avaient fustigés les agents responsables de l’incident. Ils ne l’avaient pas digéré et ils tentaient de façon maladroite mais cruelle de faire payer la note à mon fils par famille interposée.

C’était une spécialité de lâches que s’en prendre aux proches lorsqu’un détenu, non cachetonné ou peu sensible à la carotte et au bâton, ne se laissait pas faire. Ils portaient des coups bas là, où ça faisait très mal après avoir délimité la zone. Ses collègues affichaient un visage dépité et m’adressaient en parallèle par en dessous, quelques excuses en morse à coups de battements de cils contrits.

J’avais de la répartie et mon côté autoritaire et castrateur faisait le reste. Je le mis minable en trois mots et lui rappelai que je m’étais battu, il y a des années déjà, parce que des surveillants avaient fait retirer le soutien gorge à une femme de plus de 70 ans.
J’ajoutais que j’étais dans l’attente d’un procès contre son administration à cause d’une fouille abusive et très humiliante que j’avais subie à la prison de Luynes il y avait quatre ans de cela.

- Je le regardais droit dans les yeux et lui répondit du tac au tac à peine eut il fini sa phrase.

- Même pas en rêve ! C’est quoi c’bordel ?

- Ce n’est pas un bordel, je ne vous permets pas.

- Ah oui ? Qu’est ce que vous ne permettez pas ? Comment appelez vous un endroit où vous me demandez à une mère de famille de se déshabiller ?

- C’est le règlement.

- Le règlement de la perversité sans doute ?

- Heu...

- Je connais vos pratiques monsieur et je n’enlèverais pas mon soutien gorge. Je ne suis pas venue ici pour jouer un remake de 9 semaines1/2, mais pour voir mon fils. Ok ?

Il s’empourpra et cessa toute polémique avec moi devant les familles hilares. Je n’aimais pas ça. Trop facile. Mais il était nécessaire que je le fis dans un moment pareil, ça regonflait l’ égo des familles et leur confiance en soi. Cela faisait en outre, un contrepoids à la fatalité et à l’inertie ambiante.

Une fois dans le couloir Sylvie me rappela un autre incident qui s’était déroulé à Fleury et que j’avais complètement oublié.

- Tu t’souviens à Fleury le maton du D5 qui t’avait insulté ? T’avais été jusqu’au bout alors que moi je voulais partir parce que j’étais gelée et fatiguée par ma grossesse.

- Ah oui, je l’avais oublié celui là !

C’était un jour où je me rendais à Fleury voir Christophe avec elle. Un surveillant m’avait insulté, me disant d’aller me faire foutre parce que je lui demandais d’être correct avec les familles, lorsqu’il s’adressait à elles. Plusieurs fois il avait été insultant. Je lui avais dit que je ne laisserais pas tomber en sortant du parloir. J’avais raconté l’incident à Christophe qui avait fait appeler le chef du quartier d’isolement pour le prévenir qu’il ne laisserait pas passer ce genre de comportement de la part d’un agent avec sa famille.

Une fois le parloir terminé, je m’étais rendu dans le bureau des surveillants pour demander à voir un gradé pour relater l’incident, afin qu’il ne se reproduise pas. On me fit attendre plus d’une heure pensant probablement que je n’attendrais pas. Le parloir à Fleury pompait une telle quantité d’énergie que nous étions frigorifiées et Sylvie voulait rentrer, mais il était impensable pour mon bien être moral, que je laissasse passer l’incident. Pas par goût de la délation ou de la polémique bien sur, ni simplement pour lustrer mon petit égo. Non. Je le faisais pour toutes ces familles qui subissaient aigreurs et frustrations de la part d’agents indélicats autant qu’irrespectueux et qui n’osaient mot dire.

Un chef intervint et me reçut fort courtoisement. Je crus comprendre qu’il était dans ses petits souliers car son agent avait déjà été signalé pour ce genre de fait. Un collègue me l’ayant répété quelques minutes plus tôt. Je racontais l’incident et expliquais calmement que ce je souhaitais avant tout, n’était pas que l’on punisse l’agent, mais qu’il soit fait en sorte que cela ne se produisit plus. Je n’étais ni une adepte de la punition, ni une abonnée à la vengeance et en plus, ce n’était pas mon propos. Non. Ce que je voulais en fait, était que les familles ne subissent plus les foudres de ce type d’agent, point barre. Le gradé le fit mander. Il arriva dégoulinant de sueur avec le cheveu gras. Le chef l’interrogea et cet idiot dit dans un souffle : « je n’ai pas tutoyé cette dame quand je l’ai insulté. »

Il en était comique. Comme si dire à une personne : "Allez vous faire foutre" était plus acceptable avec le tutoiement. Il me faisait presque de la peine tant il était pathétique.

J’ai cru qu’il allait se mettre à pleurer. Il était petit, gras et souffreteux et me fit presque regretter d’être là. En fait, il était construit du même bois que ceux qu’il avait la lourde charge de garder. Défoncé de solitude, dévoré d’angoisses et pétri de peurs.

Je lui dis que je ne lui en voulait pas à titre personnel, mais qu’il était inacceptable qu’on traitât les familles et les proches de cette façon.
Le gradé le regarda bien en face et lui dit que c’était la dernière fois qu’il entendait parler de lui de cette façon, que c’était un avertissement sérieux.
J’étais estomaquée parce que c’était une première d’entendre un gradé de l’administration pénitentiaire fustiger un agent devant une famille. L’agent s’excusa et me tendit la main que je serrais à contre cœur. Je n’aimais pas la proximité ni le contact physique en général et celui là en particulier. Elle était molle, trempée de sueur et je me dis immédiatement que ce type était malade. J’appris deux jours plus tard qu’il était mort d’une rupture d’anévrisme peu de temps après l’entretien.

Au parloir suivant, je racontais l’histoire à Christophe qui fit tout pour me déculpabiliser. Il me dit que le décès de l’agent ne le rendait pas meilleur pour autant et que, s’ il n’avait pas eu cet accident vasculaire et que j’avais passé son incorrection sous silence, il sévirait toujours et toutes les familles victimes de son inconsistance pleureraient aujourd’hui encore . Il avait certainement raison.

Lorsque je vis Cyril à la prison de Bois d’Arcy et que nous en reparlâmes, lui ne voulut pas aborder le sujet. Il précisa que je n’aimerais probablement entendre ce qu’il pensait de cette histoire et que c’était pour ça qu’il se taisait.

- Tu ne vas pas pleurer la mort de ce connard quand même ? me dit il au bout d’un moment en voyant ma mine déconfite.

- Non, certainement pas, mais ça fait bizarre quand même. Il était jeune.

- Pourquoi l’âge changerait il quelque chose au fait que c’était une ordure et que tu n’as rien à voir avec sa mort ?

- Ben, il venait du même terreau que la plupart d’entre vous.

- Ecoute maman, tu ne commences pas avec tes analyses psycho-socio-dramatiques. Tu n’es pas le Padre Pio des consciences humaines et moi non plus d’ailleurs. Arrête de dire que ce type était comme moi et qu’il venait du même terreau, s’il te plait. Il n’avait rien à voir avec moi, ni avec les poteaux que je connais en tout cas. il avait choisi un métier de chien, il est mort comme un chien. Point barre.

- Oui, tu as sûrement raison mais...

- Y’a pas de mais, on va pas passer tout un parloir à parler de lui et pour être sincère, je me fous qu’il soit mort. Là t’es contente ? Tu sais maintenant ce que je pense.

Cyril ne s’embarrassait pas de fioritures au regard de ce qu’il avait vécu durant ses cinq longues années d’isolement. Ses os brisés et les brimades en série, ses deux empoisonnements se rappelaient à lui et le faisait encore souffrir. Mais tout ça je le comprenais aisément puisque je l’avais vécu avec lui, ainsi que sa femme et sa fille qui avaient été traumatisées par les pratiques sans nom perpétrés par certains agents de l’administration pénitentiaire. Ce n’était pas un hasard si Sara mon autre petite fille était devenue anorexique lorsqu’elle avait à peine quatre ans.

La réaction de Cyril qui avait un coeur énorme de nature, était l’exemple même de ce que la prison faisait à ces hommes. Elle les vidait de toute compassion, de toute empathie. Le pire était qu’en eux, elle aspirait jusqu’à la moelle toute forme de rédemption. La violence carcérale était telle qu’elle n’engendrait que violence à son tour, le tout dans une spirale sécuritaire sans fin.
Tout ça me donnait envie de vomir et je le combattais pour ne pas en être la complice passive.
Ma survie dépendait de l’amour que je donnais à l’autre et surtout de celui qu’il me retournait. Sans ça je ne savais pas vivre.