15410 articles - 12266 brèves

(2006) Canicule en prison : Oh ben, si môsieur le Minisse le dit...

Mise en ligne : 3 octobre 2006

Dernière modification : 6 mai 2007

Texte de l'article :

Oh ben, si môsieur le Minisse le dit...

Une infirmière de l’UCSA de la maison d’arrêt de la Santé l’explique très clairement lors d’une conversation que j’ai avec elle pendant mes soins du matin : "la canicule en prison, on rencontre les mêmes problèmes qu’à l’extérieur, on a des personnes âgées ou atteintes d’une maladie grave (cancer, SIDA, diabète, cardiaques, etc.) mais, contrairement à l’extérieur, ici pas grand-chose n’est entrepris pour rendre moins contraignant les grandes chaleurs et pour éviter le prie." Cette simple phrase résume assez bien la situation, je pense.
C’est la politique du "jusque là, tout va bien". D’ailleurs, monsieur le Ministre de la Justice, Pascal Clément, qui comme à son habitude "visite" une prison pour faire croire qu’il n’y a pas de problèmes dans les geôles de notre pays, l’explique très clairement dans son communiqué de presse sur le plan de la canicule dans les prisons [1] "Il convient de rappeler qu’à l’époque (en 2003) aucun cas de décès ndû à la canicule n’avait été recensé en milieu carcéral". En un mot comme en cent, attendons qu’il y ait des morts, on avisera ensuite. En attendant, c’est une vraie torture !

Monsieur Pascal Clément, voulez-vous que l’on reprenne ensemble, point par point, les consignes d’application générale citées dans votre communiqué de presse ou puis-je me permettre, tout simplement, de vous dire qu’aucune de ces mesures ne sont appliquées ?
- Aucun affichage n’a été entrepris et, de toute manière, on vous répons que "ça ne sert à rien parce que les détenus arrachent les affiches", aucune brochure non plus n’a été distribuée, ni en français, nien arabe, ni en anglais, ni en espagnol.
- Rafraîchissement des locaux ? Tous les matins, je dois me rendre à l’UCSA pour des soins, je vous assure que je n’ai vu aucun ventilateur. Il y a bien une salle de soins climatisée, mais elle n’est réservée que pour les soins des détenus de certains bâtiments. Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, monsieur le ministre.
- l’accès à l’eau en tous points ? Il y a de l’eau, c’est vrai, mais lescanalisation de la maison d’arrêt sont tellement vieilles que l’eau du robinet est chaude et inbuvable.
- Climatisation de certains locaux, type parloirs ? A chque fois que je rends visites à mes proches, eux et moi-même sommes trempés de sueur. Merci pour mes proches. Il y a bien pour des climatisuers, mais les surveillants, de droit, se les ont appropriés.

En politique, le "faire-paraître" est un exercice de haute-voltige, un signe ostentatoire de celui qui n’a pas de réponse à donner, mais qui souhaite faire croire le contraire, mais malheureusement, ça ne marche pas sur tout le monde et encore moins sur ceux qui sont directement concerné par ces problèmes de canicule. Et j’en fais partie. Je suis une personne gravement malade et je suis plusieurs traitements lourdss. Certains de mes médicaments devraient se trouver au frigo, mais je n’en ai pas à ma disposition. Particulièrement un de mes médicaments, chaque fois que je dois le prendre dans mon pillulier, je dois prendre des précautions pour qu’il ne se dissous pas dans mes doigts. Et qu’est-ce qui me dit que ce médicament garde toute son efficacité ? C’est pareil pour un second médicament que je dois prendre ministre. Et quand ça n’ira plus, qu’y trouverez-vous à redire, cette fois ?

En vérité, on l’aura compris, effet d’annonce que ce communiqué de presse et cette "pseudo visite" à la prison de Versailles. Absolument rien n’est prévu pour contrer la canicule dans les prisons françaises. Encore une fois, les détenu(e)s sont totalement délaissé(e)s. Qu’importe qu’un détenu meurt de la canicule ?

La prison ne se résumera jamais qu’à une simple privation de liberté.

Didier Robert, détenu à la M.A. de la Santé, à Paris.

Notes: