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La Vie en prison... vue de "dedans" - Paul Denis

(2006) Blog 19 Hygiène... ll faut en parler

Mise en ligne : 14 octobre 2006

Texte de l'article :

Hygiène... ll faut en parler

1019 Jours de détention... en Maison d’Arrêt
Extrait de la correspondance adressée à ma fille, pour lui présenter mes conditions de détention et mon « nouveau » cadre de vie

Les questions que tu ne me poses pas, mais qui méritent une réponse...

Hygiène :

C’est assurément ce qui pêche le plus. Outre le fait que les locaux s’ils ne sont pas vétustes (20 ans), ne sont pas entretenus comme il le faudrait, en ce sens que les dégradations (volontaires ou non) ne sont pas réparées « au plus tôt », il faut tenir compte du fait que l’entretien général est laissé à l’initiative des auxi (détenus rémunérés 120 €/mois) qui assurent les services de l’étage (repas et l’entretien des parties communes (couloirs, escaliers, salles d’activités, douches).
Et c’est dans les douches que cela se voit le plus, pour plusieurs raisons :
. tout d’abord, « on » y espère une « réelle » propreté afin de ne pas y attraper des maladies de peau ou autre...
. une cinquantaine de gars les fréquentent, chaque jour (rappel : 3 x par semaine + au retour de l’activité « sport » (donc 2 à 3 x par semaine supplémentaire) + les auxi (privilège), chaque jour et plus, ce qui fait du monde et immanquablement une certaine négligence « individuelle » (emballages vides laissés sur place, etc...).
. les installations (mal conçues, au départ) ont mal vieilli, l’écoulement est difficile, à cause des cheveux, poils, débris de savon.

Il s’agit de douches individuelles (groupées par 2 ou 5), fermées sur 3 côtés, de taille limitée (un peu plus d’aisance aurait évité le frottement accidentel aux murs « douteux »).

De plus, de perpétuelles rénovations font que la capacité maximale n’est jamais au top niveau...
Au niveau du lavabo de la cellule qui sert aussi de lave-linge et de lave-vaisselle, tout dépend des occupants, mais, a priori, des produits sont distribués pour que l’entretien soit fait dans de bonnes conditions. Il s’agit donc, là, plus de la responsabilité et de l’initiative de chacun...

Une remarque : même si les douches sont semi-collectives (non en cabine individuelle fermée), on peut dire que le voyeurisme est peu fréquent, ce serait plutôt le contraire, des manifestations d’exhibitionnisme pour montrer « leur » belle musculature (et le reste), due à la pratique (parfois) effrénée de la musculation... !!!

Et le linge, la lessive...

Pour une bonne partie de détenus, le problème se trouve résolu par la sortie régulière du linge sale, lors des parloirs - famille, donc, le linge est lavé « hors détention ».
Pour ceux qui n’ont pas cette chance, c’est la galère... Certes le linge de maison (draps, serviette de toilette) est pris en charge par l’administration, mais pour le linge perso, il faut se débrouiller en tenant compte du fait qu’il n’y a pas d’eau chaude en cellule, du fait qu’habituellement, les surveillants autorisent la prise d’eau chaude dans les douches. Le lavage est souvent confié à un seau et à « Génie sans bouillir ». Les plus raisonnables changent de linge souvent afin qu’il soit plus facile à laver. Les plus crades se changent rarement et sentent mauvais, et ceci est d’autant plus pénible, pour les autres, que ce sont les mêmes qui ne fréquentent pas les douches... !
Il est vrai que le règlement impose le passage aux douches, mais, en ce point, les contrôles sont rares. J’ai, cependant, vu des détenus qui, avec l’accord tacite des surveillants, mettaient de force, un tel sous la douche tout habillé... il devait donc s’exécuter... le plus dur étant fait...
Les crades sont quand même des cas. La majorité des détenus souhaiterait plus de douches (à volonté) et des moyens techniques pour faire leur lessive. Nota : ces commodités et moyens existent en Centre de détention, nous en reparlerons.
Pour revenir au linge lavé, son séchage pose problème et des « étendards » sont présents, en permanence, dans les cellules.

A suivre sur le blog

Le bouquin de Paul Denis n’a pas encore trouvé d’éditeur.
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