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(2006) Blog 05 « Prison à la dérive... »

Mise en ligne : 11 mars 2006

Dernière modification : 11 juillet 2006

Texte de l'article :

« Prison à la dérive... »

Le mercredi 15 février Mr Alvaro Gil Robles mandaté par le conseil de l’Europe a rendu publique les conclusions de son rapport sur les dysfonctionnements de la justice, de la police et des prisons françaises.
 
C’est un rapport de plus qui vient dénoncer les manquements de notre pays dans le domaine pénitentiaire et le constat est là encore accablant, affligeant.
Mr Alvaro Gil-Robles utilise des mots, des phrases comme « inacceptable », « indigne », « très dur et choquant », « à la limite de la dignité humaine »... bref une description tout a fait réelle du monde carcéral que nous sommes quelques uns à dénoncer depuis de nombreuses années. Va -ton enfin nous croire et nous prendre au sérieux après ce énième rapport ?...
Non ! Dans quinze jours tout sera aux oubliettes et ont ne se préoccupera plus de l’état de nos prisons et de ceux qui y vivent. En terme journalistique cela s’appelle « un serpent de mer », le sujet revient épisodiquement à l’occasion de nouveaux rapports, de faits divers, d’émeutes, de grosses chaleurs, puis plus rien jusqu’à la prochaine fois.
Le sujet n’est pas porteur dans une société qui élève ses enfants dans le culte de la peur et de l’insécurité. Comment peut-on après un tel lavage de cerveau prendre fait et cause pour des détenus, c’est mission impossible tant les a priori sont enracinés au fond de l’inconscient collectif.

Que faire sinon continuer à avancer obstinément pour défendre une cause qui mérite vraiment qu’on s’y intéresse, mais pour cela il faut savoir de quoi on parle et ce n’est malheureusement pas souvent le cas quand je constate la pauvreté argumentaire de certain commentaire négatif. Ils ne répercutent au fond qu’une idée primaire et préconçu de la prison, du châtiment et des victimes. C’est le conditionnement et le dressage social qu’on appel « la peur du loup » qui en est la cause, c’est le fameux « inconscient collectif » qui emprisonne la réflexion et l’intelligence et qui empêche tout dialogue et tout débat. 
Si l’on gratte un peu il n’y a pas l’ombre d’une idée ou d’une position forte et assurée parmi les gens qui défendent le tout carcéral et la répression, leurs pensées ne sont dictées que par la phobie et une idée pré fabriqué, générale et basic qu’on leur a inculqué. Ils ressentent donc un sentiment artificiel qui leur fait croire qu’ils connaissent la prison, il en est de même de leurs sentiments sur la délinquance, sur les châtiments ou les victimes. Ils ne connaissent du sujet que ce que veulent bien leur servir la presse des faits divers et la grande messe du 20h, c’est sûr que cela ne permet pas d’avoir une réelle appréciation ou opinion sur le sujet.
C’est pourquoi il faut persévérer en expliquant la réalité du monde carcérale et même si la tache semble insurmontable, je continuerai car je suis certain qu’il y a des milliers de gens qui veulent essayer de comprendre et d’avancer pour une amélioration des conditions, non pas de détentions, mais humaines, de ceux qui vivent dans les prisons et qui finiront par sortir un jour ou l’autre et c’est à cela qu’il faut réfléchir.

L’avantage des rapports comme celui de Mr Gil Robles c’est qu’il met l’état face a ses responsabilités devant le reste de la communauté européenne, c’est bien plus efficace qu’un million de « BLOGS » de détenus. Cependant les autorités n’attendent qu’une chose : que la vague passe ! Ensuite les choses se calmeront pour retomber dans les mêmes travers et inerties que l’on constate depuis toujours.
Le monde carcéral est à la dérive comme le Clemenceau au milieu de l’océan, tout est géré en dépit du bon sens et au coup par coup.
Il y a 190 prisons en France et ce sont autant de petits « Clemenceau » sans gouvernails dont on ne sait plus quoi faire et qu’on ne sait plus comment traité. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’à l’intérieure des cales pourries de tous ces petits navires réside une population de 60 000 personnes, qui sous prétexte d’avoir été condamné, est laissé à la dérive dans l’indifférence la plus totale, il s’agit pourtant là de vies humaines qui mériteraient un peu plus d’égard aux yeux de nos plus hauts responsables politiques.
Le président Chirac lui-même n’a pas perdu de temps pour agir concernant un vieux rafiot inhabité, qu’il a préféré faire rapatrié pour éviter un scandale.
Alors combien de temps faudra t-il pour qu’une forte décision politique soit mise en œuvre pour que l’on s’occupe enfin des prisons de la honte...
Au fond nous détenus, nous ne sommes pas mieux considérés que 60 000 tonnes de déchets toxiques !...

Pour finir ce texte et illustrer ce dernier rapport voilà une « poésie carcérale » que j’avais écrite il y a quelques années et qui énumère quelques uns des points noirs évoqués par Mr Alvaro Gil-Robles et que nous subissons toujours à l’intérieure de nos prisons. 

À bientôt sur le « BLOG » pour la suite....

Laurent JACQUA