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(2005) Appel de Laurent Jacqua pour le 1er décembre : Silence on meurt

Mise en ligne : 1er décembre 2005

Dernière modification : 11 juillet 2006

Texte de l'article :

SILENCE ON MEURT...

Je fais partie des 500 derniers sidéens qui croupissent encore dans les prisons françaises. Tous les autres sont morts par manque de soins, dans l’indifférence et l’inhumanité carcérale.
Comment a-t-on pu laisser faire cela dans une démocratie ?
Comment a-t-on pu, durant 25 ans, laisser mourir des malades du sida au fond de cachots froids et insalubres ?

Le sujet est tabou et à part quelques actions d’ACT-UP, il aura fallu attendre 2005, année cause nationale du SIDA, pour enfin en entendre parler.
Il était temps car l’heure est grave. 
En effet, le gouvernement a décidé de restreindre la loi KOUCHNER relative à la suspension de peine pour les prisonniers en fin de vie.
Il était déjà intolérable d’attendre les derniers jours avant la mort pour une libération, voilà maintenant que l’on nous retire toute espoir d’être libéré.
On ne peut ni accepter ni tolérer ce retour en arrière, cette application déguisée de la peine de mort.

Oui nous avons commis des délits et des crimes et nous avons été condamnés pour cela, mais lorsque la maladie touche un détenu c’est une peine supplémentaire à laquelle il n’a pas été condamné qui s’ajoute à la souffrance de l’enfermement.
Doit-on subir l’agonie et mourir au fond d’une cellule pour expier nos fautes ?
On ne combat pas une injustice faite aux victimes par une autre injustice faite aux condamnés, sinon ce n’est pas de la justice mais de la vengeance...

Depuis des années je lutte pour la libération des malades, mais malheureusement, à l’extérieur personne ne semble entendre ces appels. Sachez que pendant ce temps, la maladie progresse en chacun de nous, nous rapprochant un peu plus chaque jour de la mort.
Alors, avant qu’il ne soit trop tard, j’écris pour laisser une trace de ceux qu’on laisse mourir derrière les hauts murs des prisons.

Que l’on se rassure, nous ne sommes plus que 500 et bientôt ce sera fini...
En attendant, chut ! Silence on meurt...

A tous les malades du SIDA mort en prison.

Laurent Jacqua
Novembre 2005