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Type : Word

Taille : 7.5 kio

Date : 5-12-2004

(2004-24/11) Soutien d’un ami Lucien Jedwab

Mise en ligne : 5 janvier 2005

Texte de l'article :

Lucien JEDWAB
241, rue de Charenton
75012 Paris

“ Ami français ” de longue date d’Alexandre Yotopoulos, que j’ai connu à Paris en 1976, ainsi que celle qui allait être sa compagne jusqu’à aujourd’hui, Maïté Peynaud, je voudrais prendre à témoin l’opinion publique du pays - et je le dis avec émotion - qui a donné au monde le mot “ démocratie ”.
C’est en France qu’ont trouvé refuge, réconfort et soutien de nombreux exilés de la dictature des colonels. C’est là que leur cause rencontra la sympathie, que se nouèrent des amitiés, que se partagèrent des espoirs. Certains entreprirent d’agir, avec courage, contre un régime qui, avec celui du général Franco, en Espagne, était une honte pour l’Europe. La chute de la dictature n’alla pas sans rancœurs : celles de ses complices, dont certains restèrent malgré tout en place ; celles de certains de ses adversaires les plus résolus, que cela ne pouvait satisfaire. Tel était le contexte.
Impliqués à l’époque dans l’arrivée au pouvoir des colonels - comme ils le seront dans le renversement du président démocratiquement élu du Chili, Salvadore Allende -, attaqués sur leur propre sol par une nébuleuse islamiste qu’ils ont eux-mêmes armée et entraînée avant qu’elle ne se retourne contre eux, les Etats-Unis veulent se venger. Se venger de ceux qui ont dénoncé sans relâche leur rôle, mais aussi de tous ceux qu’ils assimilent, à tord ou à raison, au “ terrorisme international ”.
De ce point de vue, le procès fait à notre ami, que nous appelions à l’époque “ Michel ”, est une illustration d’un acharnement judiciaire où la justice, j’ai eu l’occasion de le constater moi-même, cité comme témoin par la défense, a été très peu présente. Refusant d’endosser le costume que différents services ont taillé pour lui de chef du trop fameux “ 17 Novembre ”, et alors que les accusations se sont effondrées les unes après les autres, il a été condamné à la prison à vie pour une “ responsabilité morale ” qui est tout, sauf fondée sur des faits.
Non seulement cette condamnation, prévue à l’avance, est le contraire de la justice, mais les conditions de détention qui l’accompagnent sont indignes, parce que, de toute évidence, elles ne respectent pas les droits humains les plus élémentaires.
C’est parce que j’ai la conviction personnelle que “ Michel ”, que j’ai toujours connu, à Paris, à Lipsos ou à Athènes, était brillant, vif, drôle - loin du portrait du portrait d’un “ chef ” sectaire, cynique et froid que l’on a voulu donner de lui-, est fondamentalement innocent des faits dont on l’accuse que je voudrais être entendu : la grève de la faim qu’il a entamée, avec d’autres de ses codétenus, risque de lui être fatale. Il faut que les autorités de la prison de Korydallos accèdent aux demandes légitimes des prisonniers et respectent leurs droits.
Pour ma part, j’entends témoigner à nouveau, au procès en appel d’Alexandre Yotopoulos. S’il est vivant.