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2004/02 dimanche, 1 février

Mise en ligne : 2 juin 2004

Dernière modification : 5 décembre 2004

Texte de l'article :

dimanche, 1 février 2004

Olivier,
Pour commencer, sache que je suis à fond de ton côté, et que même si ce que tu as fais est grave, je sais que tu ne l’as pas fait pour rien. Pour préserver ta sœur. Je pense chaque jours, minutes, secondes à toi. Je pleure beaucoup. Mais je sais que tu reviendras vite, la seule chose que je te demande, c’est de revenir entier. Je ne peux pas me permetre de dire que je connais l’univers carcéral, mais je pense que ce doit être difficile pour toi, amoureux de la liberté ( et de moi ! ). Je viens aussi souvent que possible rendre visite à ta mère qui vient d’avoir le droit de parloir. Elle me racontera quand elle t’auras vu mais tu ne peux pas t’imaginer comme je suis impatiente de savoir comment tu te portes. Tu me manques vraiment trop, quand tu sortiras, nous ferons l’amour comme des fous ! mais je n’ose trop en dire car je suppose que ton courrier est lu. Au lycée, tout le monde parle de toi. Tout le monde me questionne, mais je ne réponds pas. Mais il est presque amusant d’entendre toutes les différentes versions que j’ai pu entendre. Tu sais, je vais presque tous les jours chez ta famille, prendre des nouvelles ( que je n’ai pas ). Mais comme le dit ta soeur, ceci n’est qu’un passage de notre vie ( et surtout de la tienne ), quelques mois et la vie reprendra son cours.. Dans tous les cas, garde le courage que tu as, et quand tu vas mal, pense à moi, à nos meilleurs moments passés ensemble. En ce qui concerne Luc, il est sorti de l’hôpital, heureusement que tu n’as pas touché des endroits vitaux, mais je suppose que c’était volontaire. Si tu as besoin d’argent, fais le moi savoir, car ta mère m’a dit qu’elle s’en occupait mais je ne sais pas combien elle t’as envoyé. Réponds moi vite s’il te plait, j’ai besoin de tes nouvelles, savoir ce que tu fais.
Je t’aime,
Olivia.

Bien que la lettre ne soit pas la plus romantique qu’Olivia ait pu m’écrire, je suis ému. Cette même boule dans la gorge. De la tristesse mélangé à de la joie. Triste car Olivia est loin de moi, heureux car elle ne m’en veut pas. En ce moment, l’idée qu’Olivia ne voudrait plus de moi à cause de ce que j’ai commis m’avait tellement traversée l’esprit...

Je relis la lettre trois fois, je réponds sur quatre pages, puis ouvre la seconde lettre manuscrite : Ma sœur Amandine.
Amandine est très sportive, elle a 22 ans et ne vit que par le sport.
Je m’arrête sur un passage de la lettre :

(...) Un conseil, fais de la musculation dans ta cellule si tu n’as rien à faire ! On peut créer beaucoup de gestes musculaires sans instruments ! Exemple pour muscler les cuisses : Squash : Tu t’accroupis, les mains à plat contre le sol. Et tu utilises d’un coup tes jambes comme un ressort pour sauter le plus haut possible en levant les bras. Répète ce geste par série de trente (...)

Amusant, je vais essayer.

Je fais donc, au milieu de ma cellule mes exercices de squash. Je n’ai jamais étais très « danseur » et mes gestes sont très maladroit et manquent beaucoup de grâce. Je dois plus ressembler à un singe qu’à un prof d’aérobic, mais tant que ça muscle. Je prends appuie sur mes jambes accroupies, les mains à plat contre le sol, j’appuie, je saute, je lève les bras et là, alors que je décolle du sol, la porte s’ouvre.

Un surveillant m’observait, pendant ma gymnastique original par l’œillet. Il entre dans ma cellule très brusquement, le regard paniqué en criant :

« 
- Soz !!! Soz !! Est ce que ça va ?!!! que t’arrive t-il ??! Il fait une crise !! Il fait une crise !!!
J’atterris sur mes pieds et le fixe, très gêné, sans savoir que dire. Je réalise que en effet, ça doit être surprenant de voir un détenu, par l’œillet, sauter bêtement dans tous les sens dans sa cellule.
- Il m’arrive rien, surveillant, je fais ma gym quoi.
- Ah putain ! le con ! tu m’as foutu les boules !
- Surveillant.. Un peu de tenu !
- Ahaha ! sérieusement, Soz, je pensais que tu avais un problème, bon c’est l’heure de la promenade tu veux sortir ?
- Déjà ? ah non, je sors pas, je lis mon courrier.
- Très bien, salut.
- Et au fait, surveillant, vous pouvez repasser dans une heure pour que je vous donne mes fiches de cantines, j’ai reçu un mandat et j’aimerais bien commander quelques petits trucs.
- Ouais ok tu mettras un drapeau..
- D’accord. »