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Date : 30-10-2004

2004 01 VIH/sida et hépatite C en prison : les faits

Mise en ligne : 15 juillet 2002

Dernière modification : 1er novembre 2004

Texte de l'article :

Romana
English

La prévalence du VIH en prison

Prisons fédérales canadiennes
Dans le système fédéral de détention du Canada (où l’on purge des peines de plus de deux ans), le nombre de cas rapportés de VIH/sida est passé de 14 en janvier 1989, à 159 en mars 1996, puis à 251 en décembre 2002 (les statistiques pour 2002 sont préliminaires). Cela signifie que l’on sait que 2,01% des détenus d’établissements fédéraux sont séropositifs. Le chiffre réel pourrait être encore plus élevé puisque le nombre de cas rapportés dans les statistiques du Service correctionnel du Canada (SCC) ne comprend que les cas de sida et d’infection à VIH que le SCC connaît, alors que de nombreux détenus peuvent ne pas l’avoir informé de leur séropositivité ou ne pas en être eux-mêmes conscients.

Prisons provinciales au Canada
Dans les prisons provinciales (où l’on purge des peines de moins de deux ans), les taux d’infection à VIH sont élevés aussi. Des études menées dans des prisons en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec ont toutes montré que la prévalence du VIH dans les prisons est beaucoup plus élevée que dans la population générale, avec des taux variant entre 1% et 8,8%. Par exemple,

 

dans une étude auprès de 1 617 détenus dans sept prisons provinciales québécoises, publiée en 2004, on a constaté un taux de prévalence du VIH de 2,3% parmi les hommes, et de 8,8% chez les femmes ; et

 

dans une étude menée parmi plus de 12 000 personnes qui entraient dans les prisons de l’Ontario, en 1993, on a relevé des taux de prévalence du VIH de 1% parmi les hommes adultes et de 1,2% parmi les femmes adultes.

Comme au Canada, les taux d’infection à VIH dans les populations carcérales, à travers le monde, sont beaucoup plus élevés que dans le reste de la population. En général, ces taux sont intimement liés à deux facteurs : la proportion de détenus qui s’injectaient de la drogue avant l’incarcération et le taux d’infection à VIH parmi les utilisateurs de drogue par injection dans la communauté.

dans une étude menée en 1994 dans toutes les prisons pour adultes de la Colombie-Britannique, on a décelé un taux de prévalence du VIH de 1,1%. L’étude n’a pas été répétée plus tard, mais un survol des seuls cas déclarés en 1996 révélait des taux situés entre 2% et 20%, dans certaines prisons.

Dans le monde
Comme au Canada, les taux d’infection à VIH dans les populations carcérales, à travers le monde, sont beaucoup plus élevés que dans le reste de la population. En général, ces taux sont intimement liés à deux facteurs : la proportion de détenus qui s’injectaient de la drogue avant l’incarcération et le taux d’infection à VIH parmi les utilisateurs de drogue par injection dans la communauté.

Plusieurs des détenus séropositifs avaient contracté l’infection avant d’être incarcérés. De fait, les plus hauts taux d’infection en prison se rencontrent dans des régions où la prévalence est élevée parmi les utilisateurs de drogue par injection dans la communauté. Dans ses commentaires sur la situation aux États-Unis, la US National Commission on AIDS a déclaré : « En choisissant l’emprisonnement de masse comme [...] réaction des gouvernements à l’usage de drogue, nous avons créé une politique de facto d’incarcérer de plus en plus de personnes qui vivent avec le VIH. »

Les taux d’infection à VIH sont élevés dans plusieurs systèmes de prisons. En Europe occidentale, ils sont particulièrement élevés dans des prisons du Portugal (20%) et de l’Espagne (16%) ; ils sont également élevés dans celles de la Suisse (4% à 12%) et de l’Italie (7%). En Europe de l’Est, 7% des détenus ukrainiens sont séropositifs, ainsi que 15% de ceux de la Lituanie. En Afrique du Sud, il a été signalé que ce taux était de 41%. En Amérique latine, on a décelé des taux élevés au Brésil (10,9 à 21,5%) et au Honduras (7%).

En revanche, des taux de prévalence relativement faibles sont rapportés dans les prisons de l’Australie. Aux États-Unis, la répartition géographique des cas d’infection à VIH et de sida est très inégale : plusieurs systèmes continuent de rapporter des taux de moins de 1%, tandis que quelques-uns s’approchent des 10% parmi les hommes et 15% parmi les femmes.

La prévalence de l’hépatite C en prison

Au Canada
Les taux de prévalence de l’hépatite C dans les prisons canadiennes sont encore plus élevés. Des études menées dans des prisons canadiennes au début et au milieu des années 90 ont révélé des taux de prévalence du virus de l’hépatite C (VHC) entre 28% et 40%.

Les taux continuent d’augmenter. Dans un établissement fédéral, 33% des participants à une étude de 1998 étaient séropositifs au VHC, comparativement à 27,9% en 1995. En 2002, 3 173 détenus de ressort fédéral étaient connus comme vivant avec le VHC : 25,2% chez les hommes et 33,7% chez les femmes.

Dans le monde
Un récent survol de la prévalence et de l’incidence, dans des populations incarcérées, à travers le monde, a relevé des taux de VHC allant de 4,8%, dans une prison de l’Inde, à 92% dans deux prisons du Nord de l’Espagne.

Potentiel de propagation
La plupart des détenus porteurs du VHC le sont déjà avant d’entrer en prison, mais le potentiel de propagation ultérieure est très grand : le VHC se transmet beaucoup plus facilement que le VIH et sa transmission a été documentée dans les prisons de plusieurs pays, y compris le Canada.

Lectures complémentaires
Service correctionnel du Canada, Prévention et contrôle des maladies infectieuses dans les pénitenciers fédéraux canadiens, 2000 et 2001, Ottawa, SCC, 2003. www.csc-scc.gc.ca/text/pblct/ infectiousdiseases/index_f.shtml

Un survol de la prévalence et de l’incidence du VHC dans des prisons du monde entier - G.E. Macalino et coll., « Hepatitis C infection and incarcerated populations », International Journal of Drug Policy, 2004, 15 : 103-114.

Un aperçu des études de prévalence effectuées dans les prisons du Canada - R. Elliott, dans Droit constitutionnel des détenus à des aiguilles stériles et à de l’eau de Javel (annexe 2 de R. Jürgens, VIH/sida et prisons : rapport final, Montréal, Réseau juridique canadien VIH/sida et Société canadienne du sida, 1996), aux p. 3-4. www.aidslaw.ca/francais/Contenu/themes/prisons/pran2F.html

La première étude de prévalence du VIH dans une prison canadienne - C. Hankins et coll., « Infection au VIH-1 dans une prison à sécurité intermédiaire pour femmes - Québec », Rapport hebdomadaire des maladies du Canada, 1989, 15(33) : 168-170.

La plus récente étude au Canada - S. Landry et coll., « Étude de prévalence du VIH et du VHC chez les personnes incarcérées au Québec et pistes pour l’intervention », Journal canadien des maladies infectieuses, 2004, 15 (Suppl A) : 50A (abrégé 306).

Troisième version révisée et mise à jour, 2004. On peut télécharger ce feuillet à partir du site Web du Réseau juridique <http://www.aidslaw.ca/francais/Contenu/themes/prisons.htm> ou le commander auprès du Centre canadien d’information sur le VIH/sida (courriel : aidssida@cpha.ca). Il est permis de faire et de distribuer (mais non de vendre) des copies de ce feuillet, en indiquant que l’information provient du Réseau juridique canadien VIH/sida. Pour information, veuillez contacter le Réseau juridique (tél. : (514) 397-6828, téléc. : (514) 397-8570, courriel : info@aidslaw.ca).
This info sheet is also available in English.

Financé par Santé Canada dans le cadre de la Stratégie canadienne sur le VIH/sida. Les constats, interprétations et points de vue exprimés dans cette publication sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les positions ou politiques officielles de Santé Canada.

© Réseau juridique canadien VIH/sida, 2004