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(1995-97) Atelier "Ecrire enfermé"

Mise en ligne : 8 novembre 2003

Dernière modification : 17 août 2006

Texte de l'article :

Le concours : "ÉCRIRE ENFERMÉ"
Le concours "Ecrire Enfermé" a été le point d’orgue d’une action socio-culturelle imaginée et réalisée par Francis Fehr, durant trois ans, en prison.

En 1995, il créait à Liancourt (70 km au sud de Paris), dans un centre de détention pour longues peines, un atelier "d’expression artistique" qui proposait à des détenus volontaires de s’impliquer dans un projet commun d’écriture et de création orienté vers le cinéma.
Ce fut une expérience - une première dans le genre - dont l’objectif était de permettre à des hommes depuis longtemps enfermés de sortir des murs par la pensée.
Pendant des mois, un noyau de détenus participa à la création proposée par l’atelier. A l’arrivée, un court métrage intitulé Dans le bocal venait clore la première partie de cette expérience de création en prison.

En 1997, deux ans après l’expérience de son atelier en milieu carcéral, Francis Fehr eut alors l’idée de lancer le concours "Ecrire Enfermé". Il proposa à l’administration pénitentiaire - qui accepta - et aux détenus les plus motivés, de se lancer dans une nouvelle aventure : écrire le synopsis d’un long métrage.

C’est alors que la SACD et le CNC sont intervenus pour soutenir financièrement l’opération.
Les textes prirent forme lentement, avec difficulté et parfois dans la douleur, suscitant de nombreux abandons ! A l’arrivée, huit textes furent présentés au jury.
A l’unanimité Le Miroir aux Alouettes de William Renard obtint le premier prix.

Grâce au soutien d’ARTE, et à celui du producteur Frédéric Bourboulon de "Little Bear", une autre aventure allait commencer dehors : écrire le scénario et réaliser le film Le Miroir aux Alouettes, né en prison, tourné en liberté ! 

Source : http://www.arte-tv.com/fiction/gangsters/ftext/html/miroir.htm

Fehr Francis - Le miroir aux alouettes
Trois jours de la permission d’un homme après huit ans d’incarcération.

Billa, grand braqueur condamné à une lourde peine de prison, est bouclé depuis huit ans.
Pendant les trois jours de sa première permission, trois jours hors les murs, sans barreaux, Billa cherche à retrouver ses marques. Ses enfants ont grandi ; il ne les reconnaît plus. Sa femme n’a pas changé ; ils s’aiment toujours autant et pourtant, le courant entre eux ne passe plus comme avant. 
« Les êtres que j’aime le plus au monde, je ne les comprends plus, constate-t-il ? j’ai été trop longtemps enfermé, c’est ça ma maladie ».

Billa est déboussolé. La prison lui colle à la peau. Cette permission tant attendue est un échec. Une promesse de bonheur avortée. Un rêve qui vire au cauchemar un vrai miroir aux
alouettes. « Un piège à con, dit Billa. On te fait goûter la liberté et avant d’avoir eu temps de l’apprécier, on te retire ton os, et hop, retour à la niche ! »

Les trois jours filent pourtant à grande vitesse. Billa croise des amis qu’il n’a pas envie de voir. Il se rend chez ses parents dont le père se meurt d’un cancer. Billa se fâche, se révolte.

Le matin de la fin de sa permission, Billa se laisse bercer par le chant des sirènes. La liberté n’a pas de prix , dit-on.

Billa va-t-il retourner en prison ?