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(1993) Un détenu meurt de faim

Mise en ligne : 9 septembre 2007

Texte de l'article :

Un détenu meurt de faim à la prison de Bois-d’Arcy

LE parquet de Versailles a ouvert le 23 décembre 1993 une information judiciaire contre X pour « abstention volontaire de porter secours à personne en péril » après le décès d’un détenu de la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy (Yvelines), mort de faim dans sa cellule. La décès d’Ignace Mabassa N’Zen Guet, 37 ans, de nationalité gabonaise, a été constaté le 11 décembre par un gardien. Il ne pesait plus que 30,6 kg pour 1,67 m contre 53 kg lors de son entrée en prison. Dans un rapport verbal, le médecin légiste, qui a examiné le corps le 13 décembre, a fait état d’une « dénutrition massive ».

Ce détenu, qui suivait une formation d’ingénieur et dont la famille réside toujours au Gabon, avait été condamné le 24 septembre par le tribunal correctionnel de Versailles à quatre mois d’emprisonnement pour séjour irrégulier sur le territoire national en récidive légale, et il aurait été libérable quelques semaines après la date de son décès.

Les enquêtes ouvertes ont fait apparaître que le gardien qui a découvert le corps a signalé la mort à 16h15. Or, après sa prise de service à 13 heures, il s’était rendu à trois reprises dans la cellule de M. Mabassa. A chaque fois, il l’avait aperçu allongé à même le sol et immobile dans une position « manifestement anormale » sans se préoccuper de son état de santé.

« Les plateaux-repas de Mabassa revenaient vides et même bien nettoyés et, comme il semblait manger, je n’ai jamais fait attention à sa maigreur excessive », a expliqué un gardien. Un autre a évoqué « un détenu modèle qui ne faisait pas de bruit ». La direction de la prison a déclaré mardi à l’AFP que M. Mabassa était « un détenu ordinaire qui ne s’était jamais manifesté, ne bénéficiait pas d’un régime alimentaire particulier et acceptait ses repas », et que « son décès avait été tout à fait inattendu ».

L’Humanité - édition du 5 janvier 1994.