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17/06 Mme Zaïdi concernant son fils Méhdi détenu au CP de Longuenesse

Mise en ligne : 26 juin 2002

Dernière modification : 14 janvier 2005

Texte de l'article :

Calais le 17 juin 2002 
De Madame Zaïdi Sylvette
à Ban Public

Monsieur, Madame,

Je vous fais parvenir ce courrier qui j’espère sera pris en considération de votre part. Voilà c’est au sujet de mon fils de 22 ans qui est détenu au Centre pénitentiaire de Longuenesse - Route de Bruyères - 62965 sous le N° d’écrou 9847 depuis le mois d’Octobre 2001. Mais depuis mars 2002, lors de plusieurs parloirs, j’ai vu mon fils en pleurs. Puis en avril 2002, j’ai pensé tout de suite à une dépression. J’ai donc écris au directeur M Le Chevalier qui m’a bien écouté mais c’est le service médical où le docteur Follet m’a répondu que mon fils allait bien et qu’il était majeur.

NON mon fils ne va pas bien. En avril, il se coupe deux fois et a deux reprises en quelques jours le bras ; le 7 juin, alors qu’il est au mitard, il tente de se pendre ; à trois secondes près, je n’avais plus de fils. Donc, il a été conduit à l’hôpital d’Helfault ou on lui a pompé 400 ml d’eau dans le bas du dos.

Mon fils Duquenoy Méhdi se fait battre par d’autres détenus et il doit se taire, se laisser faire ; sinon c’est lui le problème. Cela fait quatre fois que mon fils est incarcéré, il n’a jamais fait tout cela. Il avait toujours le moral, le mot pour rire ; mais là, je ne sais pas ce qu’il se passe, mais il est vraiment mal moral + santé et pourtant moi, j’ai bien crié au secours avant que tout cela se passe. Il est vraiment a bout. Même hier au parloir, il ne m’a même pas dit Bonne Fête à son père alors qu’il n’a jamais passé une année sans le dire. Je suis vraiment inquiète.

Sa copine, cela fait juste un mois qu’elle a eut le bébé (le 16 mai 2002) et Méhdi a fait une demande pour le reconnaître avant la naissance et il attend encore. Des permissions qui lui sont refusées, ça encore, je peux comprendre.

Je sais que mon fils va mal mais je pense que l’on m’écoute sans m’entendre. Je pense qu’il y a un manque de surveillance. Le 18 mai, mon fils m’a dit qu’il y a un petit jeune qui s’est pendu et il est décédé à ce centre. La semaine dernière, il m’écrit qu’il ne fera plus rien mais, au parloir, les seuls mots qui sortent de sa bouche, c’est j’en ai marre et il pleure. Il ne peut expliquer ce qu’il se passe... ? Là est la question.

J’ai peur qu’un jour, ça lui soit fatal. J’ai 9 enfants et 8 petits enfants, je les aime un par un, la même chose. Et je peux rester les bras croisés en voyant mon fils au bout du plongeoir. Même quand il me téléphone, il n’a rien à dire, les mots ne sortent pas. Il se passe quelque chose mais quoi puisqu’il ne parle pas, il doit se taire, se tuer. Je ne sais plus quoi penser, cela fait trois mois que j’ai demandé qu’il voit un psy et après trois tentatives, on lui accorde le droit de la rencontrer.

Vraiment mon fils est un être humain, il a ses droits.

C’est vraiment pas juste d’attendre tout cela pour tout. J’ai peur qu’un jour lui soit fatal et là je ferai quoi ?

Merci de votre compréhension. C’est en faisant le N°Vert des droits des détenus 0800 87 07 45 que j’ai obtenu votre adresse.

Veuillez recevoir mes respectueuses salutations distinguées.

Madame Zaïdi